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LES MISSIONS CHRÉTIENNES
ET
LEUR RÔLE CIVILISATEUR

I
L’ŒUVRE SCIENTIFIQUE DES MISSIONS

On a beaucoup médit des missions et des missionnaires depuis la guerre de Chine et cela dans les camps les plus opposés. C’est ainsi que dans certains milieux politiques anti-religieux, on les a rendus responsables des conflits survenus entre les chrétiens indigènes et les autorités chinoises, qui ont provoqué les massacres et amené l’intervention des puissances de l’Europe et des États-Unis. Aussi déclare-t-on bien haut qu’il faut désormais refuser tout appui aux missionnaires et s’efforce-t-on de rompre le pacte séculaire, conclu entre le gouvernement français et le Saint-Siège, en vertu duquel la France exerce le protectorat sur les chrétiens du Levant et de la Chine et qui, outre de sérieux avantages commerciaux, assure le prestige de notre drapeau dans l’Orient[1]. Un parti plus radical, exagérant des abus et des exactions, commis lors de la dernière campagne et imputables à certains agens politiques, couverts du masque de la religion, et au zèle ardent des néophytes plutôt qu’aux religieux, est allé jusqu’à accuser ceux-ci de s’être livrés, sous couleur d’indemnité

  1. Voyez dans la Revue des Deux Mondes du 1er mars 1903, l’étude de M. Anatole Leroy-Beaulieu sur le Protectorat catholique et l’influence française au dehors.