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Nouvelle lettre deux semaines plus tard, le 6 février :


« Je viens vous remercier de l’extrême obligeance que vous avez eue de m’envoyer si promptement les renseignemens que je vous avais demandés. Ils m’ont causé une véritable joie, car rien n’est plus curieux que le dessin des pièces prises à Morat

Et permettez-moi, à ce sujet, de vous faire encore quelques questions.

1° Puisque le canon en fer de Morat existe encore, on peut savoir le diamètre de l’âme ; tâchez, je vous prie, de le savoir.

2° Les mortiers à main étaient-ils aussi en fer ? Lançaient-ils des boulets de fer ou de pierre ?

3° Pourriez-vous me donner la longueur de la coulevrine à main, son calibre et son poids ?

Vous voyez, mon cher colonel, que j’use bien de votre complaisance ; mais j’ai pris mon ouvrage en tel amour que, depuis que je m’en occupe, je suis tout joyeux. Le temps s’écoule avec rapidité et je l’emploie utilement.

Le nom d’arquebuse ne vient pas, comme l’ont dit tous les étymologistes, de l’italien, mais de l’allemand. On disait autrefois haquebutte, nom qui dérive clairement de l’allemand hakenbuchse. Les auteurs italiens du XVe siècle disent clairement que la haquebutte est d’invention allemande. Or, maintenant, je cherche quelle a pu être la forme de la première arquebuse à croc allemande. Si vous m’aidiez dans cette recherche, vous me feriez plaisir. »


Et, plus loin, en date du 1er mars :


« Je vous remercie bien, écrit le prince, du dernier dessin que vous m’avez envoyé ; il a un grand intérêt pour moi. Si je ne craignais pas d’être importun, je vous prierais encore de me rendre un service. Quoiqu’on ait la bonté de m’envoyer de la Bibliothèque royale de Paris tous les livres et manuscrits dont j’ai besoin, rien ne vaut le dessin de pièces anciennes encore existantes. Ainsi la description géométrique des pièces ayant appartenu à Charles le Téméraire, qui sont encore à Neuveville, serait très précieuse pour moi. Pourriez-vous charger quelqu’un de me faire ces dessins sur les lieux, en rétribuant la peine du dessinateur ?

Je voudrais qu’en outre on mît par écrit le métal des pièces,