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je suis bien triste en pensant aux calomnies qu’on a débitées contre moi et, dans ma position présente, il m’est difficile d’y répondre. Cependant, je ne me laisse pas abattre : une bonne conscience est le premier des biens.

Ma brochure sur les sucres m’a fait beaucoup d’amis ; je vais en faire une seconde édition. Le comité des fabricans l’a adoptée comme le meilleur plaidoyer et l’a distribuée à tous les membres des conseils généraux.

Pendant les mauvais jours, je fais de la menuiserie, je fabrique des fauteuils et des canapés. Quand je dis des, je n’en ai pas encore fini un ! S’il pouvait tenir dans une lettre, je vous l’enverrais. »


Puis vient, le 1er décembre de la même année, un simple billet de remerciement :


« J’ai reçu avec grand plaisir la statuette représentant le vieux grognard, que vous m’avez envoyée. Ce brave orne ma cheminée et me rappelle deux souvenirs également chers, l’époque impériale et votre tendre amitié. Remerciez enfin vos aimables filles de leurs petits ouvrages. »


Trois mois plus tard, il écrit, le 22 février 1843 :


« Je m’empresse, en apprenant les troubles de Genève[1] de vous écrire pour vous prier de me donner de vos nouvelles, car je suis inquiet de vous savoir au milieu des émeutes ; et vous savez qu’une amitié aussi sincère que la mienne peut facilement s’alarmer.

« J’ai reçu votre brochure sur les vaisseaux de guerre des anciens[2] et vous en remercie ; elle m’a fort intéressé.

Je m’occupe dans ce moment d’électro-chimie et d’économie politique. Je veux lire tout ce qui a été écrit sur le malaise des classes ouvrières. »


Le prince laisse écouler quelques mois sans donner de ses nouvelles à Dufour, et c’est au tour de celui-ci à se montrer inquiet. Une lettre, datée du 19 août 1843, vient excuser ce long silence :

  1. Il y eut à cette époque à Genève, comme dans beaucoup d’autres cantons, des troubles politiques, et même des insurrections sanglantes, qui ne prirent fin qu’en 1846, lorsque J. Fazy s’empara du pouvoir.
  2. C’était une Notice sur les vaisseaux de guerre des anciens, que Dufour avait publiée en 1840.