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bonté de me l’indiquer de nouveau. Dites-moi si vous ne connaîtriez pas quelque ouvrage où je pusse trouver des détails sur les armes, sur la tactique, sur la composition des armées, car je n’ai rien trouvé sur ce sujet intéressant dans aucune des histoires que j’ai lues.

Je vous remercie bien de l’aimable lettre que vous m’écriviez de Thun pour ma fête ; votre cœur n’oublie pas ceux qui souffrent et le malheur ne ralentit pas votre amitié. Espérons qu’un jour viendra où ce ne seront plus sans cesse des consolations que vos amis auront à vous demander. »


Comme contrepoids à ses travaux sédentaires, il fallait bien au prisonnier un peu d’exercice physique.


« J’ai obtenu, dit-il, la permission de monter à cheval dans la cour, ce qui me fait beaucoup de bien, car cela me fait prendre de l’exercice. Le reste de mon temps se passe à l’étude ou au jardinage, de sorte que je ne m’ennuie pas du tout.

J’apprécie d’autant plus votre bonne et touchante amitié que je vous avoue que, depuis un an, ce sont mes soi-disant amis politiques qui m’ont fait le plus de tort et qui m’ont causé le plus de chagrins. Ils se sont acharnés à accuser mes vrais amis, c’est-à-dire ceux qui avaient risqué leur vie pour moi, et se sont faits les colporteurs de tous les faux bruits qui pouvaient me nuire davantage.

Je suis bien aise qu’on pense encore à moi, à Thun. C’est une consolation pour moi de savoir que, là où j’ai habité, j’ai laissé des amis. »


Les lettres de cette période montrent de quelle façon variée le prince utilisait ses loisirs forcés. Laissons-le raconter à son vieil ami tout ce qui le préoccupe, ses regrets, ses espérances, les petits faits qui composent sa vie de chaque jour, les travaux sérieux grâce auxquels il échappe aux ennuis de la captivité. À ce moment, il ne songe pas encore à une évasion, mais il a des amis qui y pensent pour lui, et le gouvernement de Louis-Philippe n’avait pas tort de se montrer méfiant !


« Le général Montholon, écrit-il le 24 novembre 1841, avait été autorisé à se faire soigner dans une maison de santé ; mais il a été aussitôt réintégré ici, on ne sait pour quel motif. Le gouvernement est toujours très craintif, et je crois que je le gêne beaucoup.