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maigrement, mais il donnait en outre de nombreuses leçons, — car on n’avait point tardé à reconnaître en lui un merveilleux professeur ; — et ses compositions, qu’il vendait pour la plupart en copies manuscrites suivant l’usage du temps, n’étaient pas non plus sans lui rapporter un petit profit. Une publication berlinoise de 1757, les Contributions historico-critiques à l’étude de la musique, nous a laissé une liste des principales de ces compositions, liste qui, certainement, doit avoir été rédigée, sinon par Léopold Mozart lui-même, du moins sur des notes envoyées par lui. La voici, avec les quelques indications biographiques qui raccompagnaient :


M. Léopold Mozart, de la ville impériale d’Augsbourg, est (à Salzbourg) violoniste et directeur de l’orchestre. Il compose pour l’église et pour la chambre. Né le 14 décembre 1719, il est entré au service des princes-archevêques en 1743, peu de temps après avoir achevé ses études de philosophie et de droit. Il s’est fait connaître dans tous les genres de composition, mais n’a encore rien fait imprimer ; il a cependant, en l’année 1740, gravé lui-même sur cuivre six trios, surtout pour s’exercer dans l’art de la gravure. En février 1756, il a publié son École du violon. Parmi les œuvres manuscrites les plus connues de M. Mozart, on remarque principalement : beaucoup d’œuvres d’église, en contrepoint et autres ; puis un grand nombre de symphonies, les unes à quatre parties seulement, les autres avec tous les instrumens ordinaires ; en outre, plus de trente grandes sérénades, avec des soli pour divers instrumens. Il a, de plus, composé nombre de concertes, en particulier pour la flûte traversière, le hautbois, le basson, le cor de chasse, la trompette, etc. ; d’innombrables trios et divertissemens pour divers instrumens ; aussi douze oratorios et une foule de choses de théâtre, ainsi que des pantomimes, et, notamment, certaines pièces de circonstance telles que : une musique militaire, avec trompettes, timbales, tambours et fifres, joints aux instrumens ordinaires ; une musique turque ; une musique pour un clavecin d’acier ; enfin une Course de traîneaux, avec sonnettes de traîneaux. Pour ne point parler de marches, de morceaux appelés « musiques de nuit, » ni de plusieurs centaines de menuets, danses d’opéra, et autres petites pièces analogues.


Et, bien que personne, assurément, n’ait jamais pu prendre plaisir à aucun de ces « innombrables » ouvrages, je dois ajouter qu’ils avaient procuré à leur auteur, dans sa nouvelle patrie et dans toute l’Allemagne, une très enviable considération, à la fois auprès du public et des musiciens. Le public aime assez, dans tous les arts, les hommes d’une nullité régulière, discrète, et de tout repos, tandis que les artistes, de leur côté, sont prêts d’avance à louer un confrère qu’ils savent incapable de jamais les gêner.