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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mars.


La Chambre des députés discute le projet de loi relatif à la suppression de l’enseignement congréganiste. Le débat continue encore ; il a été long et brillant et mériterait plus d’attention que le public ne lui en accorde ; mais tous les regards sont tournés vers l’Extrême-Orient, dans l’attente d’un événement quelque peu décisif qui n’arrive pas et ne saurait arriver de sitôt. Au surplus, nous ne nous en plaignons pas. Notre politique intérieure a aujourd’hui quelque chose de bas et de stérile. En la réduisant à la guerre faite aux congrégations religieuses, M. Combes a rétréci l’horizon où nous avions l’habitude de traiter d’intérêts plus nombreux et plus vastes. La guerre, si regrettable à tant d’autres points de vue, a eu du moins l’avantage de faire diversion à nos querelles intestines pour nous mettre en présence des grandes réalités de l’histoire. M. Combes avait fait preuve d’une prodigieuse imprévoyance en croyant qu’il pourrait borner les préoccupations du pays, comme il bornait les siennes, à l’application d’une loi et à l’improvisation de quelques autres, le tout pour fermer quelques écoles et pour séculariser ou laïciser quelques congrégations de plus. Le canon de Port-Arthur a parlé plus haut que lui. Il a été un avertissement, à quelques égards salutaire, à l’adresse de ceux qui croyaient pouvoir restreindre toute la politique à la satisfaction de leurs préjugés et de leurs passions.

La campagne anti-congréganiste, ou, pour mieux dire, anti-religieuse, qui se poursuit à la Chambre a pour objet d’interdire l’enseignement congréganiste d’une manière absolue, sous toutes les formes, à tous les degrés. Il semble qu’une loi nouvelle n’était pas nécessaire