quelques-uns y furent même employés jusque vers la guerre avec la Chine ; mais c’est un Français, M. Bertin, l’éminent ingénieur du génie maritime, qui organisa les arsenaux japonais et la flotte qui vainquit les Chinois.
La marine du Mikado ne le cédait, en puissance, à l’ouverture de la guerre actuelle, qu’à celle de l’Angleterre, de la France, de l’Allemagne, de la Russie et des Etats-Unis ; elle dépassait celle de l’Italie et de l’Autriche ; mais comme les diverses puissances européennes ne peuvent concentrer toutes leurs flottes en Extrême-Orient, cette marine japonaise l’emportait sur toute autre dans les mers de Chine, bien que la flotte russe, très renforcée depuis un an, ne lui fût que légèrement inférieure. Elle comprenait comme unités principales de combat 6 cuirassés, filant 18nœuds, dont deux de 12 500 tonnes et quatre de 15 000 tonnes de déplacement et 6 croiseurs cuirassés, de 10 000 tonnes environ, filant 20 à 22 nœuds. A ces navires, tous de modèles très récens, puisqu’ils ont été lancés de 1896 à 1900, il faut joindre aujourd’hui les deux cuirassés neufs achetés à Gênes en janvier, arrivés au Japon peu de jours après la déclaration de guerre, et qui, après avoir passé trois semaines à compléter leur armement, doivent être en état à l’heure qu’il est de prendre part aux opérations. Comme unités secondaires, on trouve 8 croiseurs protégés modernes, de 2 800 à 5 000 tonnes, filant de 20 à 23 nœuds ; puis 8 croiseurs protégés plus anciens de 2 400 à 4 200 tonnes, lancés de 1883 à 1892, ayant fait la guerre avec la Chine et filant 16 à 19 nœuds ; un vieux cuirassé chinois capturé durant cette guerre et transformé en garde-côte, plusieurs avisos et canonnières ; enfin, comme flottille, 19 contre-torpilleurs ou destroyers et 75 torpilleurs.
Cette flotte de premier ordre, construite pour la plus grande partie en Angleterre, en ce qui concerne les navires récens, pourvue des meilleurs types d’armement, dispose pour se réparer des trois arsenaux de Yokosuka, près de Tokio, de Kuré, dans la mer Intérieure, près d’Hiroshima, et de Sasebo dans l’île de Kiou-Siou, un peu au Nord-Est de Nagasaki[1]. Construisant eux-mêmes des croiseurs protégés, contre-torpilleurs et torpilleurs,
- ↑ Deux autres arsenaux sont en voie d’organisation, à Maizuru sur la côte de la Mer du Japon et à Muroran, dans l’île d’Yezo ; ces cinq places sont les chefs-lieux des cinq préfectures maritimes entre lesquelles sont divisées les côtes du Japon.