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après le début de la guerre, une fois qu’elles auraient été exercées. Quant à l’armée territoriale avec 130 000 officiers et soldats et 23 000 chevaux[1], ses troupes, qui peuvent être affectées à la défense des côtes et des places fortes et aux étapes, seraient également réparties en brigades mixtes, mais une partie seulement des hommes a reçu une instruction militaire : c’est celle qui provient de l’armée active ; le reste, venant de l’armée de dépôt, n’est naturellement pas plus exercé que cette armée elle-même.

L’ensemble de toutes ces forces militaires de valeur très inégale, active, dépôt, territoriale, s’élèverait ainsi à 520 000 hommes ; un autre calcul, que reproduit la Revue militaire des Armées étrangères, le porte même, sur le papier, à 632 000 hommes[2], sans doute en tenant compte de la 2e classe de l’armée de dépôt, qui n’est nullement instruite.

L’armement des troupes japonaises est à la hauteur de celui des meilleures armées européennes[3].

Les 339 000 hommes qui composent l’armée active mobilisée peuvent-ils tous être jetés dès l’abord sur le continent ? Il semble qu’il soit nécessaire d’en maintenir, au moins au début, une portion sur le territoire du Japon, non seulement pour garder le pays en attendant que les armées de seconde ligne soient rassemblées et dégrossies, mais encore pour aider à instruire ces armées de seconde ligne. D’ailleurs, la mobilisation même peut être assez longue en certaines régions, médiocrement desservies par les chemins de fer ; on estime qu’il aura fallu trois semaines pour qu’elle fût complète dans les douze divisions. Puis, il faut concentrer les troupes aux points d’embarquement, situés à

  1. Ces troupes comprennent 104 bataillons d’infanterie, 34 escadrons de cavalerie, 76 batteries d’artillerie de campagne ou de montagne, 15 bataillons du génie à 2 compagnies, autant du train et 19 bataillons d’artillerie de forteresse à 2 compagnies.
  2. Dans ce total l’infanterie figure pour 374 000 hommes, la cavalerie pour 12 500, l’artillerie de campagne et montagne pour 38 000, l’artillerie de forteresse pour 20 500, le génie pour 23 000, le train pour 27 000. Le reste comprend le service de santé, d’administration et autres accessoires.
  3. L’infanterie de l’armée active a le fusil Arisaka, du calibre de 6mm, 5, du nom de l’officier japonais qui l’a inventé, — en plagiant, disent les mauvaises langues, le fusil Mauser ; l’armée de dépôt recevrait le fusil Murata, de 8 millimètres, calibre de notre Lebel, et l’armée territoriale partie cette même arme, partie l’ancien Murata, de 11 millimètres. La cavalerie a une carabine du même genre et un sabre. L’artillerie possède, depuis 1898, un matériel à tir rapide de campagne et de montagne, de 75 millimètres ; l’armée de dépôt et la territoriale se serviraient des pièces Krupp, de 8 centimètres, qui étaient en usage auparavant et sont encore fort bonnes.