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la longueur plus grande des nuits d’hiver et des journées de brouillard, développent la consommation. Pour les classes pauvres, sur lesquelles le recouvrement des quittances pouvait présenter certaines difficultés, on a adopté, depuis quelques années, les compteurs à paiement préalable. Le consommateur glisse dans le compteur deux pence, et un déclic livre passage au volume de gaz correspondant. Il y a, dans les limites du Conseil de comté de Londres, 731 019 abonnés, dont 142 960 avec compteurs à paiement préalable. Les collecteurs passent à des périodes assez espacées et encaissent la recette après due vérification des pièces que contient le compteur.

L’emploi des manchons à incandescence est très généralisé, surtout depuis cinq à six ans ; mais si, dans les ménages d’ouvriers, on consomme, à côté du gaz, une quantité importante d’huile de pétrole, les lampes à pétrole de luxe sont encore moins admises qu’à Berlin, ou même qu’à Paris ; dans les salons des intérieurs aisés.

L’huile de pétrole est moins coûteuse à Londres qu’à Paris. Un rapport publié par la Chambre des communes indique qu’en 1902 le pétrole brut importé en Angleterre coûtait en moyenne 4 deniers 38 par gallon et que le prix de vente de l’huile de pétrole raffinée variait de 8 deniers et demi à 9 deniers et demi. C’est presque un tiers de moins qu’à Paris.

L’éclairage électrique est exploité à Londres par seize compagnies privées ; mais douze conseils de bourgs ont installé, pour l’éclairage public surtout, des usines d’électricité qui vendent du courant au public. Par comparaison avec Paris et relativement à la superficie des deux capitales, l’éclairage public à l’électricité est moins développé à Londres. Il n’y a, pour les voies publiques, quais, parcs et jardins, que 3 770 lampes à arc, dont le tiers à peu près est alimenté par les compagnies privées et les deux tiers reçoivent le courant des usines appartenant aux autorités locales.

Quand, après les essais de Jablokoff à Paris, l’éclairage électrique se perfectionna et s’introduisit à Londres, quelques théâtres, de grands hôtels et des magasins de nouveautés établirent des centres électrogènes particuliers, souvent à l’aide de moteurs à gaz. Mais, à l’inverse de ce qui s’est produit à Paris, la tendance générale est maintenant de se débarrasser de ces installations privées et de prendre le courant d’une compagnie