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alors que la partie luxueuse a le plus brillant aspect. Si une critique pouvait être adressée à l’éclairage public parisien, ce serait, au contraire, de traiter certaines régions périphériques presque aussi généreusement que les quartiers du centre ; mais là, le luxe de lumière est fait pour contribuer à assurer la sécurité des passans. Ce n’est pas la faute de l’éclairage si ce but n’est pas toujours atteint.

En dehors des rares appareils à huile dont nous avons parlé et des lampes électriques dont nous nous occuperons bientôt, le nombre des appareils à gaz de tous modèles établis pour l’éclairage des voies publiques du Paris actuel, et celui des voies privées, dont le sol, au lieu d’être propriété communale, est celle de particuliers, s’élevait, en 1903, à 53 543.

L’éclairage à la charge de la Ville est fait par 49 543 appareils ; celui qui est remboursable par les particuliers, par 3 503[1].

Ces appareils alimentent 55 450 lanternes, globes, verrines, renfermant un nombre égal de becs de gaz ou foyers de différens systèmes et de débits divers. Parmi les foyers ou becs à la charge du budget municipal, 35 168 sont en service permanent, c’est-à-dire allumés de la chute du jour à l’aurore ; 15 559 ne brûlent que jusqu’à minuit ou remplacent alors l’éclairage électrique ; et 989 se trouvent, momentanément ou définitivement, en cessation de service. Quelques-uns de ces derniers sont conservés comme motifs d’ornement architectural d’édifices ou d’avenues.

Pour l’aspect des appareils, Paris, qui a longtemps gardé une avance incontestable, n’a encore que peu à apprendre de l’étranger. Au point de vue purement décoratif et artistique, les appareils d’éclairage de nos voies publiques sont certainement supérieurs à ceux de Londres, où le côté utilitaire semble le seul envisagé, et même à ceux de Berlin, où les préoccupations esthétiques ont maintenant leur part.

Le système de l’incandescence est appliqué à la très grande majorité des becs de gaz du service public de Paris. Il n’y a plus que 2 650 brûleurs a becs papillon de l’ancien système, contre 49 000 à incandescence ; d’ici peu, la transformation sera

  1. La dépense de chaque appareil est par an de 98 francs pour le bec libre ou bec papillon (de 1 carcel 10), de 82 francs pour le bec à incandescence Auer ordinaire (de 6 carcels), et de 170 francs pour les becs à incandescence intensifs (de 18 carcels).