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modérée (le minimum est de 20 millimètres d’eau), mais qui, néanmoins, facilite les fuites dès qu’un point n’est plus parfaitement étanche ou que, pour un motif quelconque, une fissure se produit : Le voisinage des câbles électriques, quand leur isolement laisse à désirer, a ajouté, à toutes les causes de détérioration dont sont menacées les conduites de gaz dans un sous-sol aussi machiné que celui de Paris, un motif inattendu de perforation : par électrolyse.

Nous avons pu voir des tuyaux de fonte et de tôle bitumée percés, par les courans dérivés des câbles électriques, d’une multitude de pertuis : quelques-uns fins comme s’ils avaient été faits à l’aide d’une pointe d’aiguille, d’autres larges comme une pièce de monnaie. Les fuites ont, entre autres fâcheux effets, celui d’asphyxier les arbres des promenades à proximité desquels elles se produisent.

La perte de gaz a été, en 1902, de 16 092 000 mètres cubes, soit 4,79 pour 100 de la quantité lancée dans la canalisation ; par mètre courant de conduite, cette perte a été, pour la totalité du réseau, de 6m 3,34. Ce sont là des proportions peu considérables, eu égard à l’ancienneté de certaines conduites, et ces déperditions sont analogues à celles des autres grands réseaux urbains.

Au cours de l’année 1902, les usines ont émis au total 335 418 788 mètres cubes de gaz, dont 127 144 330 mètres cubes ont été émis de jour et le surplus de nuit. Le gaz livré pendant la journée représente plus du tiers du total consommé ; il a été, en 1901, de 36,79 pour 100 de l’émission totale et en 1902, de près de 38 pour 100. Une partie importante de cette émission diurne est destinée aux moteurs industriels, à la cuisine ou au chauffage ; très peu est employé à l’éclairage.

Depuis 1887, la Compagnie délivre gratuitement des fourneaux à gaz aux abonnés qui en font la demande. Cette mesure a vulgarisé l’emploi du gaz pour la cuisine. A la fin de 1887, il n’y avait que 2 200 fourneaux en service ; en 1895, il y en avait 214 000, et il y en a actuellement 380 000 environ.

Les moteurs à gaz, au nombre de 3 527 en 1903, représentent une force équivalente à 16 581 chevaux-vapeur.

Nous n’avons pas à insister sur cette utilisation du gaz au chauffage ou à la force motrice, qui ne rentre pas dans le cadre de notre étude ; il suffit de les mentionner.