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et demi, soit 6 centimes 875, et seulement 1 pfennig 6 pour les usages industriels, soit le prix extrêmement minime de 2 centimes. C’est ce dernier prix que paye la municipalité de Berlin, pour l’éclairage de la ville. Les gros consommateurs berlinois sont, en outre, favorisés de rabais proportionnels aux quantités facturées annuellement. Pour la lumière, les rabais sont de 5 à 25 pour 100 ; ils sont de 5 à 20 pour 100 pour la force motrice.

Nos tarifs d’Europe, sauf peut-être ceux de Berlin, sont en général plus élevés que ceux pratiqués au Canada et aux États-Unis. L’application de l’énergie électrique à l’industrie et à l’éclairage s’y est développée sur une échelle grandiose parce que cette énergie a pu s’engendrer, dès ses débuts, non seulement par le moyen coûteux de la vapeur, mais encore par la force hydraulique, gratuite, inépuisable, et d’une abondance exceptionnelle sur certains points de l’Amérique du Nord. Mais nos ingénieurs d’Europe commencent à savoir également tirer parti de nos cours ou de nos chutes d’eau. Sans pouvoir jamais rivaliser avec les usines des Niagara Falls ou des autres cascades gigantesques formées par les rivières qui relient les grands lacs Nord-Américains, ils ont déjà, à Genève, à Lyon, en Savoie, dans la Vienne, dans l’Isère, dans la Corrèze, édifié de remarquables installations électrogènes. Une des plus parfaites transmet une force de 18 000 chevaux, sous une tension de 20 000 volts, à une distance de 80 kilomètres, avec un rendement final de 75 pour 100, ce qui paraissait irréalisable il y a dix ans.

Le principal obstacle à la généralisation de cette production hydraulique résidait précisément dans l’énorme perte de courant qu’on subissait en route, quand on transportait à de grandes distances l’électricité produite à bas prix, en montagne ou sur un barrage, au moyen de dynamos actionnées presque gratuitement par les forces naturelles. Mais les hautes tensions et l’emploi des courans alternatifs semblent avoir fourni une solution déjà très satisfaisante de ce double problème de physique et de mécanique appliquées. C’est ainsi que les usines de Sierras, par exemple, amènent actuellement à une distance de 390 kilomètres à San-Francisco, le courant électrique avec une perte, relativement minime, de 25 pour 100, de la force initiale engendrée par les dynamos.

D’aussi remarquables résultats peuvent nous faire espérer qu’avant peu nos ingénieurs réussiront à distribuer en Europe