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tourneront le robinet du bec de gaz ou le commutateur d’électricité, la lumière ne vînt pas docilement obéir, et, soit discrète et intime, soit éclatante et somptueuse, se prêter à tous les caprices de leur inlassable fantaisie. Nous voudrions essayer de montrer comment l’industrie réalise quotidiennement ce que nos grands-parens eussent considéré comme une sorte de miracle.

Sans vouloir exposer les divers aspects d’une aussi vaste question, qui a ses côtés techniques, ses côtés administratifs et ses côtés financiers, nous nous proposons d’indiquer le plus simple, ment qu’il se pourra, comme nous l’avons fait ici pour l’alimentation en eau de Paris et de Londres[1], quelles solutions ont été adoptées pour l’éclairage de Paris, de Londres et de Berlin, toutes trois capitales de premier rang, mais différentes par l’étendue, les mœurs et l’aspect. Tout en nous attachant à décrire surtout l’organisation de l’éclairage public, nous noterons aussi les particularités saillantes de l’éclairage privé dans ces grandes agglomérations urbaines de notre vieille Europe.


Les procédés dont, à défaut de la clarté du ciel, font maintenant usage les habitans des villes pour s’éclairer, collectivement ou individuellement, peuvent tous se ranger dans cinq types : les chandelles de suif, bougies de cire ou de stéarine, les huiles animales ou végétales, les huiles minérales, les gaz, enfin le courant électrique. En dépit d’intéressans essais, l’alcool, auquel nous croyons un certain avenir, ne peut encore être considéré comme moyen usuel d’éclairage.

Dans les grandes villes, où l’on n’a recours, en général, qu’aux trois derniers de ces procédés, les chandelles ne sont plus acceptées que dans les caves ou dans de rares postes de police, et les bougies stéariques sont réservées au boudoir ou au salon. De plus en plus, aussi bien sur la voie publique qu’à l’intérieur des habitations, on délaisse l’huile animale. L’huile de baleine, autrefois d’une consommation générale en Angleterre, n’y est plus guère qu’un souvenir évoqué dans les romances sentimentales. Il en est de même, à un degré moindre, de l’huile végétale, dont l’huile de colza constituait le type le plus connu du consommateur français et allemand.

  1. Voyez la Revue du 1er juin 1902.