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L’ÉCLAIRAGE
Á PARIS, Á LONDRES ET Á BERLIN


I

Bien que certains fantaisistes aient soutenu le paradoxe que l’état de civilisation serait bien plus avancé si la terre restait plongée dans une incessante obscurité, nous croyons que, parmi tous les besoins créés par les nécessités de notre vie en société — ou par ses raffinemens, — il en est peu de plus insatiable que le besoin de lumière artificielle. Pour se rendre compte de cette impérieuse nécessité il suffit de s’imaginer la perturbation que jetterait, dans la vie des habitans des villes, la privation, pendant quelques jours seulement, des moyens habituels de s’éclairer.

Les citadins, surtout ceux qui consument leur fébrile existence dans nos gigantesques métropoles actuelles, s’ils se montrent de plus en plus exigeans pour l’éclairage, public et privé, se rendent-ils généralement compte de la complexité des problèmes qu’il faut incessamment résoudre afin d’assurer, à toute heure, dans chaque maison comme dans chaque rue, sur la totalité des espaces énormes occupés par nos modernes agglomérations urbaines, cette prodigalité de lumière, aux meilleures conditions de prix, de commodité et de sécurité ? Qu’ils causent dans un élégant salon du boulevard Malesherbes, qu’ils discutent une affaire dans un confortable « office » de Queen Victoria Street ou qu’ils bavardent dans un cercle luxueux Unter den Linden, ils trouveraient fort extraordinaire qu’au moment précis où ils