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couleurs se correspondent exactement ; les bandes sont à la même place ; les raies se superposent. C’est là le caractère de la diffusion simple. Les physiciens connaissent d’autres espèces de diffusion lumineuse, de dissémination lumineuse ; de luminescence. Elles diffèrent précisément de celle que nous venons d’examiner en ce que le corps rendu lumineux par la source solaire ne renvoie pas une lumière de même composition. La lumière reçue et la lumière émise par le corps ont des spectres qui ne sont plus comparables, où certaines couleurs font défaut, où les bandes ne se correspondent plus. C’est le cas pour les corps que la lumière solaire rend fluorescens ou phosphorescens. Les huiles de pétrole sont luminescentes de cette façon. Elles renvoient par leur couche la plus superficielle une lumière bleuâtre. Ce sont les rayons ultra-violets, invisibles, qui sont diffusés : mais ils sont en même temps altérés, transposés, changés en rayons bleus. Le reste du faisceau traverse sans encombre, sans changement ; et, par suite, la masse du liquide, à l’exception de cette écorce bleuâtre, est incolore par transmission.

Ne pourrait-il pas en être de même pour le bleu céleste ? Les couches supérieures de l’atmosphère ne pourraient-elles pas se comporter comme les couches superficielles de l’huile de pétrole et émettre une sorte de luminescence bleuâtre qui serait la voûte azurée ? Non : cette hypothèse est controuvée. L’identité des spectres tranche la question. Le bleu du ciel est bien dû, tout entier, à une simple diffusion.


IV

Quelle est la cause de la diffusion bleue ? Nous l’avons préjugée déjà : nous avons dit que c’est la présence dans l’air de très petites particules, solides, liquides ou gazeuses. La preuve en a été fournie par les expériences classiques de Tyndall. Toutes les fois que des particules très ténues sont en suspension dans un milieu transparent, le passage de la lumière y fait apparaître un nuage bleu. La nature du milieu et celle des particules importent peu. Il suffit que ces dernières soient assez petites, qu’elles soient à peine visibles au microscope, c’est-à-dire que leur diamètre soit inférieur au millième de millimètre (micron). Si elles grossissent, le nuage devient blanc et cesse d’être translucide.

Ces conditions sont réalisées dans beaucoup de circonstances : lorsqu’un précipité très fin se produit lentement dans un Liquide ;