Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 20.djvu/231

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même, nous voyons le ciel, c’est-à-dire l’atmosphère imparfaitement diaphane qui nous entoure, grâce à ce jeu de lumière sur les particules qui y sont en suspens. Habituellement, cette universelle dissémination de la lumière blanche incidente s’accompagne d’une coloration. Ici, pour des raisons qui vont être dites, la coloration est bleue. Le spectacle du ciel azuré résulte donc, en résumé, d’une diffusion colorée particulière des rayons du soleil par les particules de l’atmosphère.

Il est aisé de concevoir pourquoi la diffusion s’accompagne ainsi de coloration. Cette réflexion particulaire est, en somme, une opération peu altérante pour le faisceau lumineux incident. Elle ne crée pas de radiations nouvelles : elle ne supprime pas d’une manière absolue celles qui existent ; elle les atténue seulement, elle en affaiblit un peu l’intensité. Le rayon rouge est renvoyé comme rayon rouge atténué, le rayon jaune comme rayon jaune, le rayon bleu comme rayon bleu, tous un peu affaiblis. Analysé à l’entrée et à la sortie au moyen du prisme, le faisceau fournirait des spectres exactement superposables.

Il y a plus. Il arrive parfois que les rayons des diverses réfrangibilités, rouges, jaunes, verts, bleus, qui ne sont pas modifiés dans leur nature, ne le sont pas même dans leurs proportions ; qu’ils sont les uns et les autres affaiblis dans la même mesure ; et, par conséquent, qu’ils forment une lumière identique, à l’intensité près, à la lumière incidente. Dans ce cas, le corps diffusant éclairé par le soleil renvoie à l’œil de la lumière blanche. Il parait blanc. C’est le fait de tous les corps que nous voyons blancs ; et c’est là, évidemment, une particularité. Cet affaiblissement dans la même mesure exacte, pour des rayons dont la vitesse de vibration et l’intensité sont si diverses, doit être exceptionnel ou rare, ou tout au moins pas universel. La lumière émergente est le plus souvent formée dans d’autres proportions que l’incidente, et le corps diffusant est alors coloré : il est rouge, il est vert, il est bleu, suivant qu’il renvoie de préférence, c’est-à-dire plus abondamment, les rayons rouges ou verts ou bleus.

C’est le cas de l’atmosphère. Les particules solides, liquides ou gazeuses de l’air, au-dessus de nos têtes, renvoient une plus forte proportion de rayons bleus que de rayons verts, jaunes ou rouges. Le ciel nous parait bleu. Le bleu du ciel est un fait de diffusion élective des rayons du soleil.

Si l’on reçoit sur un prisme la lumière du ciel bleu, on observe un spectre plus pâle que celui du soleil, mais exactement pareil : les