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devient de plus en plus bleue. M. d’Arsonval a poussé la concentration jusqu’à obtenir une liqueur de coloration intense. L’oxygène fournit, au degré près, un résultat analogue. M. d’Arsonval n’est pas éloigné de croire, après MM. Hautefeuille et Chapuis. à l’intervention de l’oxygène ozonisé dans la production du bleu du ciel. Malgré les froids excessifs qui règnent dans les couches supérieures de l’atmosphère et les phénomènes électriques dont elles sont le théâtre, on ne voit pas clairement la manière dont s’y produirait cette intervention des gaz liquéfiés. En tout cas, l’hypothèse succombe sous les objections précédentes.

Il faut donc renoncer à l’idée que le bleu du ciel soit dû à quelque gaz, air, ozone, oxygène, possédant en propre la coloration bleue et qui colorerait par transmission la lumière blanche du soleil. A tous les argumens énumérés, à ceux de Langley, de Cornu et d’autres physiciens, il en faut joindre un dernier, très général. C’est qu’une coloration par transmission ne reproduirait en aucune façon l’aspect du ciel. L’œil n’aurait la sensation de bleu que dans la direction du faisceau solaire. Le ciel se réduirait à un disque d’azur dans un champ de ténèbres. L’illumination universelle du ciel véritable est nécessairement un phénomène de diffusion, de dissémination colorée.


III

Du faisceau lumineux qui tombe du soleil sur notre globe, la plupart des rayons traversent sans encombre l’atmosphère transparente : leur ensemble, d’après ce qui vient d’être dit, donne à l’œil une impression de jaune ou de rouge plutôt que de bleu. A côté de ces rayons directement transmis, il y en a un second groupe, qui se disséminent. On va voir que ce sont eux qui sont les générateurs du bleu. Ceux-là, heurtant quelque obstacle aérien, quelque particule solide, liquide ou peut-être simplement gazeuse, comme l’ont cru Brewster et lord Rayleigh, s’y réfléchissent et n’arrivent ensuite à l’œil qu’après avoir subi une ou plusieurs réflexions. Le heurt en question a pour effet de substituer la particule réfléchissante à la source solaire comme point de départ du rayon lumineux, d’en faire une véritable source lumineuse, et de nous la rendre visible grâce à cet éclat emprunté. Comme le phénomène se répète pour toutes les particules semblables du milieu, celui-ci est illuminé dans sa masse et devient perceptible à notre vue. C’est de cette façon que nous voyons tous les corps qui ne sont point parfaitement transparens. De