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qu’après avoir reconnu d’avance l’endroit où elle doit être amenée, les lignes du terrain par lesquelles on doit la faire passer, et la formation à lui donner à cet effet.

L’infanterie doit donc s’éclairer et se renseigner à de grandes distances. Les éclaireurs à pied ne peuvent être employés que par les fractions en première ligne, quand elles sont arrivées à courte portée de l’ennemi et que le feu est commencé. Jusqu’à cet instant, l’infanterie ne peut être éclairée que par des cavaliers. La cavalerie divisionnaire est en principe affectée à ce service, mais en réalité elle ne peut pas y suffire. Elle est numériquement insuffisante. Forcée de se disperser dans toutes les fractions d’infanterie qui la réclament, obligée à de longues marches pour se mettre à la disposition des détachemens et revenir le soir au régiment qui la fait vivre, elle serait ruinée en quelques semaines. Sa place est avec les groupes de combat des rideaux. Dans la bataille, ses escadrons doivent se tenir prêts à intervenir comme combattans. Ils doivent donc être réunis.

Avec l’organisation actuelle, on ne voit que rarement des cavaliers aux avant-postes d’infanterie. Or ils y sont nécessaires. Il faut donc revenir à l’organisation recommandée par l’Empereur dans ses notes sur l’art de la guerre (troisième note, cavalerie). « C’est en vain qu’on a voulu subvenir au besoin de l’infanterie par des corps de cavalerie indépendante de ses généraux, une funeste expérience n’a que trop souvent démontré les vices de cette méthode… Il n’existe qu’un moyen de leur échapper, c’est d’attacher de la cavalerie aux légions… » et plus loin, dans le projet d’organisation de l’armée : « Les éclaireurs seront des voltigeurs à cheval montés sur des chevaux aussi petits que possible. Ils ne seront pas formés par escadron. Ils resteront divisés par turme, portant le numéro de leur bataillon. En cas de réunion de plusieurs turmes loin de leur bataillon, le commandement appartiendra au plus ancien officier. Les éclaireurs seront équipés exactement comme l’infanterie… Les officiers, sous-officiers et soldats, seront mis à pied et replacés à cheval selon la volonté du chef de bataillon, qui en usera comme pour les grenadiers et les voltigeurs. Ils n’entreront dans aucune des combinaisons de manœuvre de cavalerie, auxquelles la petitesse de leurs chevaux ne les rend pas propres… Ils fourniront les ordonnances (escortes) aux officiers généraux et supérieurs de leur division, escorteront les prisonniers et les bagages,