Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 20.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Il fallait s’attendre, écrit le général Görgei dans ses Mémoires, à ce que fatigué des sempiternelles démonstrations dont le général Aulich devait le régaler, le général commandant l’armée autrichienne passerait de la défensive à l’offensive, pour se débarrasser une fois pour toutes de ses importunités…

« Conformément au plan d’opérations arrêté, le gros de notre armée, après la prise de Waitzen, se porta sans désemparer sur Leva, ville située à 80 kilomètres au Nord-Est de Komorn, dans la vallée du Gran, petit affluent de gauche du Danube… pour couvrir, d’une part, le flanc gauche de notre armée qui se portait au Nord, et pour protéger, d’autre part, la division du corps du général Gaspar (restée à Waitzen) contre une attaque venant le long du Danube par l’amont. Une colonne volante, composée de quatre escadrons de hussards et de deux pièces, fut tirée du 7e corps (Aulich) et chargée de remonter le Danube jusqu’à l’embouchure du Gran.

« Pour protéger notre flanc droit, je chargeai mon frère aîné, Armin Görgei, chef de bataillon de honweds, de se porter avec une colonne volante du côté de Schemnitz vers le Nord (rideau tactique).

« L’armée hongroise réunie autour de Leva franchit le Gran, malgré les difficultés du passage et se heurta, sur la rive droite de cette rivière, aux troupes autrichiennes, qui furent rejetées au Nord du Danube.

« Dans ce combat (continue le général Görgei), donna aussi la colonne volante de Waitzen, le long de la rive gauche du Danube. En côtoyant la rive gauche du Gran, elle fit jouer, sur l’ennemi en retraite de l’autre côté, ses deux pièces d’artillerie. »

« La belle opération de Görgei, dit M. le général Pierron, montre comment une marche de flanc peut être masquée par un rideau de troupes qui sert de bouclier contre l’ennemi »

On voit également dans cet exemple le rôle que doit jouer un groupe de combat du rideau, quand il ne trouve rien devant lui, et comment il peut coopérer à l’action des troupes voisines.


En ce qui concerne les procédés de combat de l’infanterie, les changemens ne sont pas moins importans. La nécessité d’échapper aux vues et de se servir du terrain, comme d’un bouclier, afin de s’approcher de l’ennemi aux courtes distances et de le frapper, oblige à ne mouvoir une troupe, dans la zone de feu,