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LA NOUVELLE UNIVERSITÉ
DE LONDRES

Après Berlin et Paris, Londres nous fait assister au laborieux enfantement d’une grande Université. Le spectacle est intéressant en lui-même ; il le devient plus encore par les souvenirs, les comparaisons et les prévisions qu’il suggère. Je voudrais raconter comment est né le besoin de cette Université nouvelle, comment l’idée a grandi au milieu des difficultés et des contradictions ; de quels élémens est composée l’Université et de quels organes elle a été pourvue ; enfin, ses premiers efforts pour vivre et agir.

J’essaierai de faire comprendre en quoi elle diffère des vieilles universités et en quoi elle leur ressemble. Quant au rapprochement qui s’impose entre l’œuvre des Anglais, celle des Allemands et la nôtre, je le laisse à ceux qui ont dirigé de haut ou suivi de près ces mémorables expériences pédagogiques. Je ne ferai qu’une seule remarque à ce sujet. Par suite des circonstances où se trouvaient placées les deux Universités de Paris et de Londres, leur genèse et leur mode de formation ont présenté des caractères entièrement opposés. L’Université parisienne a commencé humblement, silencieusement. Elle n’avait ni avocats dans la presse, ni patrons parmi les politiciens, ni fonds pour subvenir à ses besoins. Nul ne s’occupait d’elle et elle était déjà grande qu’elle n’avait pas encore de nom. Tout au contraire, il y avait à Londres, avant que l’Université existât, quelque chose qui portait ce titre. Il y a dix-neuf ans qu’on la discute et trois ans, seulement, qu’elle est venue au monde. Dans ces discussions, la logique absolue des réformateurs a tenu quelquefois plus de place que l’expérience des hommes pratiques. On dirait qu’une