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Les désirs au fougueux essor,
Les beaux projets et les beaux zèles,
Pareils à des papillons d’or,
Y faisaient l’essai de leurs ailes.

Mais, sans un vouloir ferme et fier,
Hélas ! le plus généreux rêve
N’est qu’une frêle bulle d’air
Qui se cogne au mur et qui crève...

Bien avant l’arrière-saison,
Les ailes d’or, les roses mortes,
De leur précoce effeuillaison
Avaient jonché le seuil des portes.

Pourquoi tant d’efforts sans vertus,
Tant d’orgueil et tant de faiblesse ?
Qu’ai-je fait des printemps perdus ?
A quoi m’a servi ma jeunesse ?...

O cloches au timbre si doux.
Cloches de ma petite ville.
Je m’en suis allé loin de vous,
Seul avec mon regret stérile.

D’autres écouteront le soir
Votre cantique allègre et tendre ;
Qu’ils sachent mieux que moi vouloir,
Et qu’ils sachent mieux vous comprendre !

Sous le ciel automnal et gris
D’une campagne de banlieue,
A deux pas de ce grand Paris
Que me cache la brume bleue,

Je n’entends plus, lorsque le vent
Et l’averse pleurent ensemble,
Que cette cloche de couvent
Dont la voix aux vôtres ressemble.