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POÉSIES


CLOCHES DE NOVEMBRE


Comme des oiseaux voyageurs,
Les voix des cloches de banlieue
Passent en carillons berceurs
Là-haut, parmi la brume bleue.

Toutes s’envolent à la fois
Des flèches à l’aiguille mince ;
Je crois entendre au fond des bois
Tinter mes cloches de province.

L’une surtout, par les temps lourds
Où pleurent le vent et la pluie,
Me rapporte un écho des jours
Lointains de ma jeunesse enfuie...

Quand nos clochers lorrains chantans
Glorifiaient Pâques-fleuries
Et le frais éveil du printemps,
Par un luxe de sonneries,

Mes yeux se grisaient, au matin,
De la neuve beauté des choses ;
Mon cœur était comme un jardin
De primevères et de roses.