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l’insuccès de nos tentatives pour obtenir des renseignemens à la connaissance parfaite du terrain que possédaient les Boers et à leur habileté naturelle à se dissimuler. Nos manœuvres viennent cependant de faire ressortir clairement que la portée plus grande des fusils, la poudre sans fumée et la grande dispersion des troupes rendront les renseignemens très difficiles à obtenir. Nous avons vu l’exemple d’un petit corps de troupes qui a réussi à se dissimuler et, par un feu rapide, à abuser l’adversaire sur son effectif, au point de faire croire à la présence de plusieurs bataillons et de faire prendre un escadron pour une brigade. C’est là un des points sur lesquels il nous faudra porter une attention particulière dans l’avenir, et les officiers envoyés en reconnaissance devront désormais être préparés à courir les plus grands risques s’ils veulent fournir à leur chef des renseignemens sérieux. »

Une plus grande dispersion des troupes sous le feu accentue encore l’importance que la mobilité donne à la cavalerie, qu’il s’agisse de renforcer un point faible de la ligne de combat, ou d’attaquer un point faible de la ligne ennemie. Par une utilisation intelligente de cette faculté, jointe à un emploi judicieux de la puissance des armes à feu modernes, soit en retardant une infanterie qui s’avance, soit en l’attaquant sur son flanc, la cavalerie aura dans l’avenir une grande mission à remplir.

C’est dans cet ordre d’idées que fut employée la cavalerie le 17 septembre, jour de la bataille entre le maréchal Wood et le général French. Des deux côtés, elle fut tenue en liaison étroite avec les autres armes, et, toute la journée, elle montra la plus grande activité, combinant sans cesse l’emploi du combat à pied et quelquefois de la charge, avec le feu de son artillerie, de ses mitrailleuses et de ses « Pom-Pom. »

L’infanterie, dès qu’elle entre dans la zone de l’extrême portée de l’artillerie ennemie, se déploie en lignes de tirailleurs, les hommes marchant à 4 ou 5 mètres les uns des autres. C’est l'unique formation adoptée pour la chaîne, les soutiens et les réserves. Peu importe qu’en terrain coupé il y ait enchevêtrement des sections déployées appartenant à toutes les compagnies. Au début, la brigade d’infanterie, qui comprend quatre bataillons à huit compagnies, déploie en général deux bataillons sur le front qui lui est assigné et garde les deux autres en réserve. Tous ces bataillons sont formés sur deux lignes de