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les passages. Sa cavalerie s’y porte par une marche rapide de 24 kilomètres et tient les débouchés.

Le même jour, le général French, désirant, avant toute manœuvre, faire sa jonction avec le général Bruce Hamilton, lance sa cavalerie dans sa direction, pour assurer ainsi sa liaison avec lui. A cet effet, cette cavalerie fait une marche de nuit de 65 kilomètres et atteint Newbury. Le 16, elle se porte au-devant du général Bruce Hamilton, jusqu’à Wantage, et revient ensuite vec lui jusqu’à Newbury.

Elle n’agit donc pas comme cavalerie d’exploration, mais comme un corps tactique. L’exploration est confiée à des patrouilles, assez nombreuses, mais faibles, qui n’ont pas d’autre mission que de faire connaître le contour apparent du rideau de l’adversaire.

Le plus souvent, lorsque les escadrons se heurtent à quelque obstacle, fusillade d’infanterie montée, ou menace de la cavalerie adverse, ils s’arrêtent, mettent pied à terre et entretiennent sur leur front une fusillade prolongée, tandis qu’une fraction, par un mouvement rapide, tourne l’obstacle et prend l’adversaire dans le flanc ou dans le dos.

Il est recommandé à l’infanterie montée de se garder de loin avec soin. Si elle ne met pas pied à terre longtemps d’avance, elle risque d’être surprise par la cavalerie et enlevée. En revanche, si elle a eu le temps de mettre pied à terre, la cavalerie ne peut songer à l’aborder à cheval.

Quand la cavalerie et l’infanterie montée croient qu’elles peuvent être exposées au feu de l’artillerie, elles étendent leurs formations ; les pelotons sont mis sur un rang, avec des intervalles entre les cavaliers de 4 à 5 mètres. Toutefois, ce moyen d’éviter les pertes paraît moins efficace que la rapidité des mouvemens pour se porter d’un abri à un autre.

L’importance donnée au feu de la cavalerie est accrue par la mitrailleuse Maxim et le canon automatique de 37 millimètres dit « Pom-Pom » affecté à chaque régiment. Ces pièces sont servies par les cavaliers. En outre, la proportion d’artillerie à cheval est plus grande que dans toutes les autres armées étrangères. Les Anglais affectent deux batteries à cheval, et quelquefois trois, à chaque brigade de cavalerie.

Dans une de ses critiques, lord Roberts disait :

« Dans l’Afrique du Sud, nous avions l’habitude d’attribuer