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Le bataillon avait alors de 500 à 600 mètres de front. Il était à environ 700 mètres de la défense et n’avait pas encore tiré un coup de fusil. A sa droite, le 2e bataillon avait dépassé la route et formait une ligne pareille.

Un bataillon en réserve en colonne double très ouverte suivait, les pelotons se portant en avant par mouvemens successifs et se couchant aussitôt arrêtés.

Alors seulement le feu commença sur toute la ligne et l’attaque reprit son mouvement en avant. La chaîne, se fractionnant elle-même, progressa pas bonds successifs de chacune de ses parties, sans être renforcée, ni entraînée par des troupes venant de l’arrière, et cela jusqu’à la fin de l’attaque.

Le 3 mai, les Schützen de la Garde, débouchaient face au Sud. Leur plastron s’était établi face au Nord, le dos au chemin de fer.

Leur manœuvre fut exactement pareille à celle du ler mai. Le bataillon forma 7 à 8 lignes successives à des distances de 30 à 50 pas, pour arriver à se fondre en une seule ligne de 500 à 600 mètres de front. Lorsque tout eut rejoint, la ligne ouvrit le feu. Alors le mouvement en avant se continua par petites fractions et par petits bonds sans recevoir aucun renfort, jusqu’à la distance d’assaut.

Le 5 mai, une légère variante apparut dans la manœuvre.

La ligne avancée commença son feu avant d’avoir reçu tout son monde et les compagnies de réserve de chaque bataillon, au lieu de rester tapies très loin et d’envoyer de là leurs groupes de vingt hommes, continuèrent à s’avancer par le flanc des sections, fort éloignées les unes des autres, se couchant dès qu’elles s’arrêtaient et continuant toujours à envoyer en avant leurs essaims.

L’attaque fut menée par un débordement d’aile fait par le bataillon de réserve.

Ainsi, dès que l'artillerie de la défense empêche l’infanterie de l’attaque de progresser dans une formation serrée, celle-ci se disperse pour atteindre, avec le moins de pertes possible, la distance où elle estime que son propre feu sera efficace (entre 700 et 800 mètres). Lorsqu’elle est arrivée à rallier tout son monde sur une même ligne située à environ 700 mètres de l’adversaire, elle ouvre le feu, puis progresse par échelons et par bonds courts sans que sa chaîne soit renforcée autrement que par sa propre réserve de bataillon dont la force varie d’une compagnie à un peloton.