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différens... L’esprit du règlement, en limitant la restauration à un monument, a été sans contredit qu’il fût présenté sur une assez grande échelle pour que l’étude en fût profitable sous tous les rapports et particulièrement sous ceux de l’art et de la construction. Il ne faudrait pas que les pensionnaires architectes perdissent de vue que le but de leur séjour en Italie est l’étude de l’architecture proprement dite, et c’est pour le cas où ils seraient tentés de s’écarter de ce principe que le règlement a sagement exigé l’approbation du directeur dans le choix du monument que le pensionnaire se propose de restituer. »

Depuis lors, malgré des réclamations réitérées, tendant à accorder aux pensionnaires architectes plus de latitude et à leur permettre de s’inspirer davantage, même dans leurs travaux de Rome, des tendances et des besoins de la vie moderne, l’Institut n’a cessé de maintenir l’application d’un principe que, plus récemment encore, il rappelait en disant « qu’il appartient et a toujours appartenu à un petit nombre d’ouvrages d’être les modèles des générations successives, parce qu’il s’agit moins pour l’étudiant de la reproduction formelle de ces ouvrages que d’approfondir les sentimens, les raisons et le goût qui les ont jadis produits. » Est-ce à dire toutefois, qu’entre ces deux systèmes, défendus avec une égale ardeur, il n’y ait aucune transaction possible ? Là comme ailleurs, tout est affaire de tact et de mesure. Cette année même, n’a-t-on pu constater à quel point l’étude approfondie de l’antiquité pourrait, jusque dans la construction et la décoration modernes, trouver des applications heureuses ? Mais le point essentiel et dont dépendra toujours tout le reste pour nos pensionnaires de Rome, c’est la conscience, nous dirions volontiers la probité, avec laquelle ils comprendront leur devoir, qui est de demander aux œuvres qu’ils ont sous les yeux le secret de leur force, de leur grandeur, de leur beauté.


III

De tous les directeurs qui, depuis la Révolution, se sont succédé à la Villa Médicis, Ingres, qui si souvent se proclama fidèle au goût de l’art antique, « que notre grand et célèbre maître David, disait-il, avait fait renaître dans ses admirables ouvrages et que depuis on a tant outragé, » Ingres fut certainement celui qui exerça sur les pensionnaires de l’Académie de France l’action