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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier.


La nouvelle année a commencé et elle se poursuit au milieu des inquiétudes que cause partout la situation de l’Extrême-Orient. Ce qu’est cette situation, nous l’avons déjà dit il y a quinze jours, et depuis lors elle ne s’est pas bien sensiblement modifiée. Tantôt elle a paru s’améliorer, et tantôt s’aggraver, sans qu’on puisse dire bien exactement pourquoi. Le secret des négociations pendantes entre la Russie et le Japon est, en effet, bien gardé ; on en sait, au total, peu de chose ; et nous sommes réduits à éprouver des impressions que le télégraphe nous apporte toutes faites, sans nous dire exactement quel en est l’objet. Mais il n’est pas douteux que les intérêts en cause sont très sérieux, et que le conflit qui pourrait sortir de leur opposition serait très redoutable.

S’il ne s’est pas encore produit, on le doit à la diplomatie, dont il serait bien injuste de médire en ce moment. Elle prodigue ses efforts pour maintenir la paix, et elle y a réussi jusqu’à ce jour, malgré des difficultés sans cesse renaissantes. Sans elle, il est probable que la poudre aurait déjà parlé et que le sang aurait coulé. Il y a heureusement une opinion européenne et, si l’on veut, mondiale, qui est de plus en plus favorable aux solutions conciliantes, et qui regarde la guerre comme une dernière ressource à laquelle il ne faut se résigner que lorsque, décidément, on ne peut pas faire autrement. Néanmoins, tout le monde se demande si cette guerre n’éclatera pas fatalement. Nous vivons depuis quelques semaines sous le coup d’une menace continuelle ; et c’est là, on nous permettra de le dire, un démenti significatif que les faits donnent eux-mêmes aux rêveurs d’une paix perpétuelle que, naguère encore, ils nous annonçaient comme déjà