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l’estrade, surveille tout l’ensemble. Joséphine se dresse près de lui. Je monte et j’exécute, sur l’ordre du président, le bandage dénommé « spica double de l’épaule. « Tout va bien, et cette dernière épreuve terminée, je m’attends à la note maximum, 40 pour les quatre épreuves réunies. Mais, au moment où je descendais de l’estrade, un professeur de pansemens accourt. Il avait contrôlé mes notes au passage et, d’office, il fait suivre mon nom d’un neuf et demi, en me disant, bénévole : « Voyez-vous, si on donnait la note maximum à plusieurs élèves, ce serait très embarrassant au moment de décerner les prix ! »


18 juillet. — J’ai reçu une lettre ainsi libellée : « L’administration des hospices de Beaucaire (Gard) demande une sous-surveillante célibataire. Les avantages sont les suivans : appointemens 1 160 francs et prestation en nature de la nourriture, du logement et du blanchissage. Prière de m’informer d’extrême urgence si vous êtes candidate à ce poste. Signé : Le directeur de la Pitié. » Et j’ai eu le regret de refuser ! Sans doute l’Administration n’avait pas saisi le sens de la mention du registre : « désire continuer... »


25 juillet. — Aujourd’hui a eu lieu la distribution solennelle des prix aux élèves de la Pitié. Dans les jardins de l’hôpital, adossée aux salles des malades, une estrade se dresse, brillante de velours rouge, dominée par un buste de la République. Tous nos professeurs sont là, le docteur Bourneville en tête, sous la présidence d’un représentant du directeur de l’Assistance publique. Les candidates, au grand complet, infirmières coiffées du bonnet, parées du fichu de cérémonie, — élèves libres en toilettes claires, — sont rangées au pied de l’estrade sous le soleil chaud.

M. Bourneville ouvre la séance par un long discours, lu trop bas pour être apprécié à sa juste valeur. Des fragmens de phrases nous parviennent seulement. Je saisis au passage : « flétrir enfin le cléricalisme et la réaction... » Que vient faire la réaction dans cette affaire ? Je regrette d’entendre aussi peu : quelques bribes, où se distingue l’inévitable formule de « solidarité, » qui dès longtemps a remplacé dans les discours officiels le cher vieux mot de charité. On s’en consolerait plus aisément si ce n’était affaire que de mois..