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supérieure à celle d’un corpuscule, et, d’un autre côté, par une multitude de corpuscules, sorte de petites planètes négatives, l’ensemble de ces masses, soleils positifs et planètes négatives, gravitant sous l’action des forces électriques et la charge négative totale équivalent exactement à la charge positive totale, l’atome étant ainsi électriquement neutre. Les planètes négatives qui appartiennent à deux atomes différens sont identiques. S’il arrivait que les soleils positifs fussent, aussi, identiques entre eux, la totalité de l’Univers matériel serait formée par le groupement de deux espèces, seulement, d’élémens primordiaux...

Si une force électrique ou chimique suffisante agit sur un atome, elle pourra détacher une des petites planètes, un corpuscule (formation de rayons cathodiques). Mais il sera deux fois plus difficile d’arracher un deuxième corpuscule, en raison de l’excès de la charge positive totale, non altérée, sur la charge négative restante. Il sera trois fois plus difficile d’arracher un troisième corpuscule, et, lorsque nos moyens d’action seront épuisés, nous n’aurons encore presque rien arraché de l’atome, dont l’insécabilité apparente se trouve ainsi expliquée. L’atome apparaît ainsi comme un tout gigantesque, dont la mécanique intérieure aurait pour base les lois fondamentales des actions électriques. J. Perrin, allant encore plus loin, a essayé de calculer la durée, presque infiniment petite, de la révolution d’un corpuscule autour de son soleil positif.

Les rayons cathodiques détachés de l’aluminium par la lumière ultra-violette ayant une vitesse d’environ 1 000 kilomètres par seconde, admettons, dit-il, que les corpuscules qui forment ces rayons possédaient cette vitesse dans les atomes d’où la lumière les a détachés, et cherchons le temps que devait mettre l’un d’eux pour décrire, avec cette vitesse, la circonférence de l’atome d’aluminium, circonférence que l’on peut évaluer à 1/103 micron, c’est-à-dire à un millième de micron ou un millionième de millimètre, environ. Nous trouverons que la durée de cette révolution, l’année de cette planète, si l’on veut, est d’environ 1/1015 secondes, soit un quatrillionième de seconde.

Si l’atome est très lourd, c’est-à-dire probablement très grand, les corpuscules les plus éloignés du centre seront mal retenus dans leur orbite par l’attraction électrique du reste de l’atome, la moindre cause les en détachera, et la formation de rayons cathodiques, la dislocation complète même de l’atome pourra