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négativement, que la cathode de l’ampoule de verre à l’intérieur de laquelle on les produit chasse en ligne droite, et chacun de ces projectiles ou corpuscules a, nécessairement, une charge électrique, un poids et un volume, que l’on a pu mesurer ou évaluer. La charge est relativement considérable : c’est celle d’un ion-hydrogène, c’est-à-dire d’un atome d’hydrogène. Le poids qui porte cette charge est, pour ainsi dire, infiniment petit : c’est, d’après Lodge, le millième, environ, du poids, déjà si infinie, de l’atome hydrogène. Quant au volume qui correspond à ce poids, Lodge s’exprime ainsi : « Imaginons qu’un corpuscule ait la grandeur d’un point d’imprimerie : celle d’un atome sera représentée par un édifice d’environ 53 mètres de long, 27 mètres de large et 13 mètres de haut ; de plus, comme, dans un atome d’hydrogène, il y a environ 1 000 corpuscules, imaginons ces 1 000 points jetés dans cet édifice et nous aurons une idée de la relation du corpuscule avec l’atome. »

D’un autre côté, tous les corpuscules cathodiques, quelle que soit la nature de l’atome dont on les détache, sont identiques entre eux. Si, en effet, on éclaire avec de la lumière ultra-violette la surface de métaux tels que le fer, le zinc, l’aluminium, etc., on constate que tous ces métaux émettent de véritables rayons cathodiques qui ne diffèrent des rayons cathodiques ordinaires que par une vitesse moindre. Or, cette nouvelle sorte de rayons cathodiques provoque, dans l’air humide, la formation d’un brouillard. Donc les sous-atomes électrisés négativement qui flottent dans les gaz, dans l’air ionisé, sont, certainement, des corpuscules cathodiques, et, par suite, leur poids est à peu près le millième de celui de l’atome d’hydrogène.

Quant aux sous-atomes électrisés positivement, dont on a pu, aussi, mettre hors de doute l’existence, leur poids est sensiblement égal à celui de l’atome à peine diminué par le départ du corpuscule, tandis que leur charge, conformément à un principe connu d’électricité, est égale, en valeur absolue, à celle d’un corpuscule. En somme, l’atome est divisible, et, pour expliquer sa constitution, J.-J. Thomson et J. Perrin, s’appuyant sur la grande autorité de Cauchy, ont proposé, parmi les hypothèses possibles, la suivante, que nos lecteurs connaissent déjà, au moins en partie : Tout atome peut être regardé comme constitué, d’un côté, par une ou plusieurs masses chargées d’électricité positive, sortes de soleils positifs dont la charge serait très