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pouvait nous renseigner à cet égard. De plus, toujours à l’aide de ces nouvelles formules, il est possible, actuellement, de calculer à l’avance le nombre exact des isomères d’un corps, qu’ils soient chimiques ou optiques, et, en même temps, d’établir leurs formules, ce qui était impossible quand on ne répartissait les atomes que dans un seul plan. On commence donc à entrevoir la mystérieuse architecture du monde des atomes et peut-être, un jour, sera-t-elle connue dans tous. ses détails.


IV

Les découvertes extraordinaires qui ont si dignement clôturé le XIXe siècle en nous faisant entrevoir, à côté du monde que nous connaissons ou que nous croyons connaître, des terres nouvelles sur lesquelles, comme Fa dit Friedel, nous faisons, un peu au hasard, les premiers pas, ont permis à la science d’aborder un nouveau problème, tout aussi ardu, tout aussi intéressant que les précédens, celui de la constitution de l’atome.

L’atome dont nous parlons ici, c’est l’atome tel que le concevait Dalton, qui, avec les chimistes de son époque, croyait avoir touché le roc dans l’antique question de la divisibilité de la matière. Malgré la grande autorité du chimiste anglais, on ne fut pas longtemps sans reconnaître que l’insécabilité absolue des particules, auxquelles il avait attribué les propriétés des atomes de Démocrite et d’Epicure, soulevait de sérieuses objections. Des discussions interminables s’élevèrent, nombre d’hypothèses furent imaginées pour y mettre fin : rappelons, en passant, l’atome-tourbillon de lord Kelvin. Actuellement, toutes ces hypothèses, toutes ces discussions n’ont plus de raison d’être. On sait que l’atome de Dalton est, comme on le soupçonnait, un microcosme ; on sait qu’il est divisible ; on l’a divisé. Aussi le mot atome, appliqué aux plus petites particules capables d’entrer dans les combinaisons chimiques telles que nous les connaissons, paraît-il maintenant une expression malheureuse et surannée, qu’il faudra abandonner et remplacer par une autre, granule, particule, peu importe.

Les lecteurs de la Revue ont déjà une idée des voies et moyens à l’aide desquels la science est arrivée à ce résultat que laissaient prévoir, d’ailleurs, les belles études de spectroscopie de Lockyer et autres savans éminens. Mais la question est