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L’ART FRANÇAIS A ROME

I
DE LOUIS XIV A LA RÉVOLUTION

Lorsque Colbert, en 1666, envoya à Rome le peintre Charles Errard pour y fonder l’Académie royale de peinture, sculpture et architecture, il y avait près de deux siècles que l’influence artistique de l’Italie était prépondérante en France. Le monument érigé à Milan, non loin du Dôme, à la mémoire de Léonard de Vinci, mort à Vernou, près Amboise, alors qu’il était l’hôte de François Ier, suffirait à évoquer le souvenir de ce lien étroit entre la Renaissance italienne et la Renaissance française, que symbolise, presque à un égal degré, dans l’histoire de chacune des deux grandes nations latines, le nom des Médicis inscrit au fronton de tant d’édifices et sur le socle de tant de chefs-d’œuvre, à Florence et à Rome, à Blois et à Paris, sur les bords de l’Arno et du Tibre comme sur les rives de la Loire et de la Seine.

Pendant cette longue période, peintres, sculpteurs, hommes de lettres furent sans cesse sur les chemins de l’Italie. Rome était, autant et plus qu’elle le fut jamais, la capitale intellectuelle et artistique du monde, laissant alors, comme en tous temps d’ailleurs, les plus fortes, les plus persistantes impressions à tous ceux qui sont capables d’en comprendre la grandeur. N’est-ce point l’Italie, dont Rome ne cessa jamais d’être la tête et l’âme,