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présentent sans être munis d’un minimum de bagages, capables de justifier leur qualité de voyageurs.

Paris comptait, au 31 décembre dernier, 11 650 « logeurs » — en statistique officielle un hôtelier s’appelle un logeur, — depuis l’hôtel Ritz ou l’Elysée-Palace jusqu’aux 345 garnis des faubourgs, où 5 600 lits sont entassés en 1 150 « chambrées. » Les locataires des uns et des autres se trouvaient, ce jour-là, au nombre de 181 000. Les gens qui boivent dans un « assommoir » de la Villette une « paire d’absinthes » pour 5 sous, sont des « consommateurs » au même titre que ceux qui s’attablent dans un café du boulevard Montmartre ; mais les personnes qui peuplent les « hôtels » proprement dits et les taudis où l’on couche à la gamelle ne peuvent être également nommés des « voyageurs ; » parce que les derniers, comme on l’a vu tout à l’heure, sont des Parisiens permanens.

Les hôtelleries de premier ordre, — à 15 francs par jour et au-dessus, — contiennent 3 500 chambres, dont les plus grandes et les mieux situées vont jusqu’à 50 francs. Les maisons de deuxième ordre, — 8 à 15 francs par jour, — disposent de 5 300 chambres. Le troisième rang est représenté par les 11 500 chambres des hôtels de 4 à 8 francs. Enfin, les hôtels dont les prix vont de 2 à 4 francs par jour, offrent ensemble 21 000 chambres. Ils occupent le quatrième rang dans la hiérarchie dressée, à la Préfecture, par le service des garnis.

Il existe en outre 10 400 appartemens meublés, loués sans titre ni enseigne. Suivant le taux des loyers, ils se divisent en trois catégories : ceux de 1 500 francs par mois et au-dessus, au nombre de 280 ; ceux de 500 à 1 500 francs, au nombre de 1 130 ; ceux enfin de 40 à 500 francs, simples chambres pour la plupart, comprenant à eux seuls 9 000 logis, les neuf dixièmes du total,

A Londres, depuis un quart de siècle, il s’est créé une vingtaine d’hôtels, de prix variés et de dimensions énormes. Paris, où, durant le même laps de temps, il s’en est fondé quatre fois moins, n’est pas suffisamment pourvu. Les nouveaux ont réussi très vite, ce qui démontre leur utilité ; bien que leur luxe ne soit à la portée que d’un public restreint. Le plus récent, l’Elysée-Palace, servait l’an dernier 118 000 repas et comptait 77 000 journées de chambres occupées par 1 5 000 personnes ; ce qui n’empêchait pas le Grand-Hôtel et le Continental de recevoir, l’un 30 000, l’autre 20 000 voyageurs.