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de demeurer ensemble et de réunir leurs amis ; » à quoi l’autre partie répliquait que « les repas de noces, les bals de l’Epicerie française ou de l’Association amicale des électriciens, n’étaient d’aucune utilité aux voyageurs arrivés par le chemin de fer et les privaient même de la jouissance des salles qui semblaient leur être destinées. »

Les magistrats donnèrent gain de cause aux hôtels annexes des gares par ce motif que leurs plans, approuvés de l’administration supérieure, contenaient un local désigné sous la rubrique de « grande salle des fêtes, » et que, si le coût de l’hôtel avait été compris dans les frais d’établissement des lignes concédées, c’était afin de diminuer d’autant le jeu de la garantie d’intérêt.


III

Ainsi adjointe à l’industrie des transports par voie ferrée, l’industrie du logement des voyageurs sera, dans un avenir prochain, appelée à porter sa juste part des obligations du monopole dont elle profite. Le tarif de ses chambres et de ses repas se trouvera légitimement déterminé par l’État au même titre que celui des billets de chemin de fer. Marseille et Bordeaux ont déjà leur Terminus ; Paris ne compte jusqu’ici que deux hôtels de ce genre : au quai d’Orsay et à la gare Saint-Lazare ; ce dernier, bâti par la compagnie de l’Ouest avec ses propres fonds, sur un terrain acquis avec ses réserves, mais entré depuis dans le domaine national de l’avenir.

Notre capitale manque totalement d’hôtels populaires et n’a pas, à beaucoup près, le chiffre de bons hôtels bourgeois qui s’y pourraient établir et prospérer. Les États-Unis nous offrent des modèles de ce type, qu’il serait très désirable de voir imiter chez nous. La vie, à New-York, est meilleur marché qu’en France pour les classes modestes, — quoique beaucoup de nos concitoyens s’imaginent le contraire ; — la nourriture, l’éclairage, le chauffage, y coûtent moins cher qu’à Paris ; les vêtemens confectionnés ne s’y vendent pas à plus haut prix. Seuls, les loyers sont trois ou quatre fois plus onéreux que les nôtres.

Mais il n’existe pas, à Paris, d’organisation analogue à celle des « Mills Hotels, » où l’on peut se loger pour 20 sous par jour. M. Ogden Mills, leur fondateur, appartient à l’espèce intéressante de ces richissimes Américains qui, après avoir gagné leur fortune,