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L’ALLEMAGNE CATHOLIQUE
ENTRE 1800 ET 1848

II[1]
ROMANTISME ET CATHOLICISME

Les influences indigènes et les influences exotiques, le prestige de la Réforme germanique et le prestige du « philosophisme » français, conspiraient à l’envi, dans l’Allemagne du XVIIIe siècle, contre le crédit intellectuel de l’Eglise romaine. Quelle que fût l’âpreté du duel entre ceux qui voulaient que la littérature allemande se mît à l’école de la nôtre et ceux qui la prétendaient au contraire émanciper, ils étaient d’accord entre eux, tacitement, sur la stérile vétusté de l’idée catholique et sur l’insignifiant effacement où elle méritait d’être reléguée. Leur commune arrogance à l’endroit de la vieille religion était d’autant plus frappante qu’elle n’avait rien de concerté ni de volontairement insolent : ils étaient très sincères lorsqu’ils attribuaient à l’Eglise romaine, dans le monde réel, la place qu’elle tenait en leur propre estime ; à peine parlaient-ils d’elle comme d’une force ennemie, mais bien plutôt comme d’une ruine.

A vrai dire, les propos et les écrits de plusieurs personnages catholiques de l’Allemagne étaient de nature à justifier cette

  1. Voyez la Revue du 15 juillet 1903.