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refusées en bloc. Quant aux demandes présentées par les congrégations de femmes vouées à l’enseignement, M. le président du Conseil a rejeté lui-même toutes celles qu’il a pu ; mais il s’est trouvé désarmé lorsqu’il y avait autorisation préexistante, et les congrégations de femmes autorisées à enseigner ont continué de le faire » A dire vrai, il n’y a qu’une congrégation d’hommes dont l’enseignement soit très répandu ; c’est celle des frères des Écoles chrétiennes. Elle a 1 452 établissemens disséminés sur tout le territoire. Ce sont ces frères qui, fondés autrefois par le vénérable de la Salle, ont renouvelé sur certains points les méthodes de l’enseignement primaire, ont créé un enseignement plus pratique, et ont rendu par là des services reconnus et loués par M. Ferdinand Buisson lui-même dans un document qui a été beaucoup cité depuis quelque temps. Le projet de M. Combes, en n’établissant aucune distinction entre les congrégations enseignantes autorisées et les autres, n’atteint plus que les premières, les secondes ayant déjà disparu. Aux 1 452 établissemens des frères des Écoles chrétiennes, il faut ajouter 2 817 établissemens de femmes, ce qui fait en tout 4 269 maisons d’enseignement qui devront être fermées- M. Combes aura ainsi complété son œuvre, et l’enseignement congréganiste aura disparu en France ; on en aura extirpé les dernières racines. Mais il y a 323 congrégations de femmes qui sont à la fois hospitalières et enseignantes, et elles ont 2 343 établissemens : quel en sera le sort ? « Les parties enseignantes » de ces établissemens mixtes, comme s’exprime le projet de loi, sont supprimées : toutefois, les congrégations peuvent continuer jusqu’à nouvel ordre leurs œuvres hospitalières et charitables ; et un article du projet dit même que « la partie des biens à l’usage d’école dans les établissemens mixtes accroîtra à la partie de l’œuvre statutaire n’ayant pas le caractère scolaire. » On a pensé sans doute que la distinction ou ventilation serait trop difficile à faire, et qu’après tout les biens momentanément abandonnés ne seraient pas perdus si on opère un jour la liquidation des congrégations charitables. Tel est, dans son ensemble, le projet de loi déposé par le gouvernement, et tels en sont les résultats principaux. Comme on ne peut pas terminer cette grande réforme en un jour, M. Combes accorde cinq ans pour cela à lui-même ou à ses successeurs, s’il en a pendant cette période de temps. Il compte que cette transformation ne coûtera à l’État que 25 millions, soit 5 millions par an pendant les cinq ans prévus ci-dessus, ou mieux qu’elle ne coûtera rien. Nous parlons sans ironie. M. Combes a expliqué, en effet, que ces millions seraient pris sur un crédit déjà ouvert pour la construction