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nombre des aurores dans une localité donnée retarde davantage à mesure que celle-ci s’élève davantage vers le Nord.

Il faut signaler un fait qui mérite la plus grande attention. Lorsqu’il s’agit d’aurores à grande envergure, on remarque qu’elles présentent leur maximum d’éclat, dans les différens pays où elles s’étendent, non pas au même instant physique, mais à la même heure locale. C’est, par exemple, à 9 heures du soir que la grande aurore du 4 février 1872 s’est montrée le plus brillante, à Berlin, à Paris, à New-York, c’est-à-dire aux momens, nullement contemporains, où les horloges de ces différentes villes marquèrent neuf heures. Les choses se passent donc comme si le spectacle auroral défilait avec la voûte céleste ou avec le soleil devant les divers méridiens, — et aucun argument ne paraît plaider plus fortement en faveur d’une influence extra-terrestre, sidérale ou solaire, présidant au phénomène des aurores.

Comment les aurores se distribuent au cours de l’année pendant les différens mois, c’est ce qu’exprime la loi de périodicité annuelle. La répartition n’est pas uniforme ; le nombre n’est pas le même dans tous les mois ou toutes les saisons : il y a des mois favorisés : il y en a de sacrifiés. La plus simple statistique montra à Mairan qu’en France les aurores étaient les plus nombreuses dans les mois de septembre et d’octobre, aux environs de l’équinoxe d’automne, et les plus rares au mois de janvier. Ce qui est vrai de la France et de Paris l’est de la Suède et des Etats-Unis dans l’hémisphère Nord ; la même loi s’applique à l’hémisphère Sud. Elle est générale. Pour toutes les stations de latitude moyenne, dans les deux hémisphères, les aurores atteignent leur maximum de fréquence aux environs des équinoxes de printemps et d’automne et leur minimum en janvier et en juin. Il y a donc deux maxima et deux minima. Le maximum principal pour les aurores boréales a lieu à l’automne ; le minimum principal en été, en juin.

La loi de Mairan ne vaut que pour les latitudes moyennes : elle se modifie à mesure que l’on passe des régions tempérées aux régions polaires. Le maximum de l’automne retarde : celui du printemps avance : finalement ils se rejoignent. Il n’y a plus, selon la remarque de Lovering, qu’un unique maximum, en hiver ; et, de même, un seul minimum, en été. Déjà à Hammerfest, au Nord de la Norvège, la majorité des aurores se presse autour du solstice d’hiver.