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l’un de l’autre, — ou l’un et l’autre sont la conséquence d’une même cause qui reste à préciser.


VII

On vient de voir que l’observateur doit se placer dans la direction du méridien magnétique pour avoir devant les yeux le sommet des figures des aurores en arc, ou le centre des aurores en couronne. Mais de quel côté de l’horizon doit-il se tourner ? Est-ce vers le Sud ? Est-ce vers le Nord ? Dans nos pays de basse latitude, en France et dans l’Europe centrale, c’est ordinairement du côté du Nord qu’il faut diriger les yeux pour avoir le spectacle complet du phénomène. Mais cette règle n’est pas absolue. Le plan de la couronne aurorale doit être perpendiculaire à la direction de l’aimant terrestre ; le centre est astreint à se trouver sur le rayon terrestre qui passe au zénith magnétique. Mais ces obligations peuvent être remplies aussi bien par des figures placées d’un côté ou de l’autre de la verticale du lieu d’observation, du côté du Nord ou du côté du Midi. — C’est à l’expérience de décider entre elles. Et, en effet, elle a appris que c’était tantôt dans l’une des directions et tantôt dans l’autre qu’apparaissent les figures aurorales.

On distingue les deux cas. On dit, en décrivant une aurore boréale, si elle était tournée vers le Nord ou vers le Sud, si elle appartenait à la classe des aurores boréales septentrionales ou à celle des aurores boréales méridionales. Ces dernières ont été quelquefois confondues et bien à tort avec des aurores australes. C’est ce qui est arrivé à J. Schmidt pour celle qui s’est produite à Athènes le 11 septembre 1860.

Les aurores que l’on aperçoit en tournant le visage du côté du Sud ne sont donc pas sans exemple dans l’Europe méridionale : elles sont encore rares dans l’Europe centrale ; elles deviennent fréquentes en Suède et en Norvège. Une sorte de loi préside à leur distribution. A mesure que l’on s’élève vers le pôle, le nombre des aurores visibles au Midi tend à augmenter. Il y a sur chaque méridien un point, à une certaine latitude, où l’on observe annuellement autant d’aurores tournées au Sud et au Nord. Si l’on dépasse ce point neutre, la proportion se renverse. Et c’est ce qui arrive au Spitzberg, au Groenland et dans toutes les terres arctiques. A Upernavik, par exemple, sur