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dans l’espace. — Lorsque l’aurore polaire présente la forme d’un arc, ou, comme dit Maupertuis, « d’une grande écharpe d’une lumière claire et mobile, » le point culminant de cet arc se trouve placé dans le méridien magnétique, et lare lui-même est coupé en deux moitiés symétriques par ce méridien. — Quant aux rayons qui constituent la trame des arcs et des draperies aurorales, ils sont très sensiblement parallèles à l’aimant terrestre. Leur direction est celle que prendrait l’aiguille aimantée libre de ses mouvemens, suspendue par son centre de gravité. C’est la même force qui se fait obéir ici et là. L’aimant terrestre ou l’aiguille d’inclinaison, si on les suppose indéfiniment prolongés, rencontrent la voûte céleste en un point qui est le zénith magnétique. C’est vers ce point du ciel que, d’après les règles de la perspective, se fait le concours des rayons auroraux pour l’œil de l’observateur. Dans les aurores en couronne, c’est donc du zénith magnétique que semblent diverger les rayons comme autant de fusées lumineuses.

Le magnétisme terrestre a des relations encore plus étroites avec les aurores polaires. Il ne borne pas son action à orienter les figures des aurores avec symétrie autour de l’axe aimanté du globe ; il annonce leur apparition et intervient dans leur genèse. Les physiciens du XVIIIe siècle connaissaient déjà ces deux formes sous lesquelles s’exerce son influence. Wilcke savait, dès 1771, que les rayons des couronnes concourent au zénith magnétique. Celsius, à Upsal, en 1741, avait noté la coïncidence des aurores boréales avec les orages magnétiques. Il avait vu que les deux phénomènes se produisaient aux mêmes jours et aux mêmes heures. Ce parallélisme remarquable fut bientôt confirmé par les observations de Hiorter, de Graham, de Wargentin, de Canton et de Wilcke, si bien que ce dernier, en 1774, a pu le formuler en loi : « Tous les orages magnétiques s’accompagnent d’aurores boréales. » Il n’y a qu’un mot à ajouter à cet énoncé : il faut dire, comme l’abbé Cotte (de Montmorency) en 1780, que l’orage magnétique précède et annonce toujours l’aurore. — Depuis ce temps, les météorologistes n’ont fait qu’analyser le phénomène dans le plus extrême détail. Ils ont étudié les variations de tous les élémens magnétiques, de l’intensité, de la déclinaison (composante horizontale) et de l’inclinaison (composante verticale).

Des exceptions nombreuses à la règle se sont révélées. On a vu que le centre des couronnes aurorales ne se confond pas toujours