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polaires enregistrées à Hobarttown, de 1841 à 1848, ont eu leurs correspondantes simultanément en Europe et en Amérique, soit sous la forme véritable des apparitions météoriques habituelles, soit sous la forme des phénomènes connexes, perturbations électriques et orages magnétiques.

Ces aurores de la première catégorie, à grande étendue et à correspondance d’un hémisphère à l’autre, offrent un ensemble de caractères qui leur donnent une physionomie à part.

Le premier de ces caractères est relatif à la situation géographique des pays où on les observe. Elles sont propres aux régions tempérées, de latitude moyenne, inférieure à 55°.

Le second caractère est tiré de leur position dans l’espace au-dessus de l’horizon. Le phénomène lumineux a son siège dans les couches les plus élevées et les plus raréfiées de l’atmosphère terrestre. On les croyait près du sol, à cause de la rapidité des déplacemens qu’exécutent souvent les différentes parties de la figure aurorale, rapidité qui semblait inconciliable avec un grand éloignement. Mais des mesures précises ont fait revenir sur cette manière de voir. On a mesuré la hauteur des arcs auroraux au-dessus de l’horizon, en employant les méthodes géométriques et trigonométriques qui servent à mesurer les distances et les hauteurs de points inaccessibles. Les déterminations exécutées par Mairan, ont fourni à cet observateur des nombres compris entre 160 et 266 lieues. Les mesures de Bravais ont assigné à ces arcs d’aurore des hauteurs de 100 à 200 kilomètres au-dessus du sol ; celles de Nordenskiöld ont donné 200 kilomètres pour l’élévation du bord inférieur des bandes arquées qu’il observait à bord de la Vega, à l’entrée du détroit de Behring. En Angleterre, Dalton, Cavendish, Airy ont trouvé des chiffres de 80 à 160 kilomètres. — Loomis a calculé des hauteurs de 23 à 75 kilomètres pour la fameuse aurore du 2 septembre 1859. Et encore, ne s’agit-il ici que du bord inférieur de cette espèce d’arc-en-ciel. Pour le bord supérieur les chiffres deviennent formidables : c’est, par exemple, 730 kilomètres, pour le point culminant de ce dernier météore. — Quelque incertitude que comportent les mesures de ce genre, il est indubitable que les particules lumineuses, qui sont le siège du rayonnement auroral, sont situées à une très grande hauteur au-dessus de la surface de la terre. Elles sont aux limites de l’atmosphère, dans une région où la pression barométrique est infiniment faible, et où les gaz raréfiés se prêtent aux