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Le général leur répondit : « Dites au général français que je lais canonner les deux villages situés en avant et sur ma gauche, et où sont quelques Boxeurs ; qu’une fois ces villages occupés, j’arrêterai là mes troupes, ainsi qu’il a été entendu à la conférence. »

Vers trois heures du soir, M. d’Anthouard et le capitaine attaché russe furent envoyés à la recherche de renseignemens. Vers quatre heures trente, de son côté, le général Frey, accompagné du capitaine Bobo, son officier d’ordonnance, de l’interprète M. Wilden, du Chinois prisonnier, et escorté de deux cavaliers, se mit lui-même en route, à travers champs, dans la direction où il supposait que devaient être établis les camps russe et japonais, et où devait se tenir la nouvelle conférence des chefs alliés.

Vers six heures du soir seulement, le général trouva un groupe de soldats japonais, qui le conduisirent, par la route dallée, auprès de leur général en chef. Entouré d’une vingtaine d’officiers, tous irréprochablement gantés de blanc et avec de grandes cartes déployées sous les yeux, le général Yamaguchi donnait ses ordres sur le terrain : c’étaient sans doute ses dernières instructions pour diriger la marche de ses troupes à l’intérieur de la capitale chinoise. Il apprit au général Frey que les Russes avaient, vers quatre heures de l’après-midi, lancé dans la Cité chinoise, par la porte de Toung-Pien-Men, deux bataillons et une batterie ; que le corps russe devait à cette heure s’y trouver tout entier ; qu’il venait de donner, de son côté, à deux de ses bataillons l’ordre de se jeter dans Pékin, à la suite des Russes ; qu’enfin, il se proposait de renverser, à la tombée de la nuit, au moyen de la dynamite, la porte de Tchi-Koua-Men, devant laquelle il se trouvait arrêté par une vigoureuse résistance de l’ennemi, puis de pénétrer dans la Ville tartare avec la plus grande partie de ses troupes. Aucun des officiers japonais présens ne comprenant le français, c’est avec la plus grande difficulté que ces renseignemens sont obtenus. Il était inutile de prolonger un entretien dans d’aussi pénibles conditions. Devant l’urgence qu’il y avait à se rendre compte le plus exactement possible de la situation générale avant d’ordonner lui-même ses mouvemens, le général Frey pria le général Yamaguchi de le faire conduire au camp russe et. au préalable auprès le son chef d’état-major, le général Fukushima, qui possède quelque