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de langue chinoise, du nom de Yantchewietsky, était même parvenu à se glisser jusque près du pont situé à quelques centaines de mètres de la porte de Toung-Pien-Men, et avait signalé que cette porte n’était point sérieusement occupée.

Le général russe donna au général français communication des décisions prises, la veille, au cours de la conférence, et lui annonça que les Légations venaient de faire savoir, par des émissaires, aux généraux japonais et anglais, qu’elles étaient largement approvisionnées en viande sur pied jusqu’au 20 août et, en farine, jusqu’au 30. Dans ces conditions, la marche en avant semblait pouvoir être retardée d’un jour, sans inconvéniens, pour permettre à l’armée internationale de disposer de troupes fraîches pour l’attaque de Pékin. Il fut convenu entre les généraux français et russe que, dans la nouvelle conférence qui devait avoir lieu le lendemain, au bivouac, devant Pékin, en vue de déterminer le plan de cette attaque, une motion serait faite par ces officiers généraux pour obtenir que le Palais impérial fût respecté par les Alliés ; que la Cour, si elle était capturée, fût l’objet des plus grands égards ; et qu’enfin des mesures fussent concertées, au plus tôt, pour la répartition de la capitale en secteurs, afin de permettre de purger rapidement la ville des Réguliers et Boxeurs qui s’y trouveraient, d’y rétablir l’ordre, et d’assurer la sécurité des habitans qui n’auraient pas abandonné leurs demeures.

Le général Linéwitch fit encore part au général français de l’intention où il était de proposer de procéder à l’attaque des remparts de Pékin par la prise de la porte de Toung-Pien-Men, située au point de jonction de la muraille de la Cité tartare et de celle de la Cité chinoise. La possession de ce point paraissait avoir, pour le général russe, une importance tactique considérable, en ce qu’elle devait donner immédiatement un facile accès, à la fois, dans l’intérieur de la Ville chinoise et dans l’intérieur de la Ville tartare.

Le général Frey exposa, de son côté, qu’il avait fait confectionner, au moyen de très longues perches trouvées en grand nombre dans Tong-Tchéou, une dizaine d’échelles dont il comptait se servir pour faire effectuer l’escalade de la muraille chinoise, haute de 9 à 10 mètres. De là, on pourrait sans doute, au point de soudure des remparts, passer, par une opération analogue, sur la muraille tartare, haute de 16 mètres.