Orsay, Vendredi, 20 septembre 1861[1].
Mon cher ami,
Je te remercie des lettres que tu m’as renvoyées. Il y en a une de M. Duruy ; il paraît qu’on n’était pas encore absolument décidé à faire une vacance à Saint-Cyr. Il pousse vigoureusement à la roue, et le général Blondel aussi. L’affaire va se décider, je pense que la lettre de M. Guizot sera d’un grand poids.
Je vous suis bien obligé, mes chers amis, de votre accueil si franc ; je vous dois encore autre chose ; il me semble que j’ai appris chez vous ce que c’est que la famille, la maison et l’héritage ; je n’avais encore vu que des rassemblemens, des logemens, et des successions ; j’ai vu pourtant déjà bien des intérieurs ; mais la vraie concorde, le vrai bon sens, la vraie autorité y manquent. Ce qu’il y a de mieux, c’est que je vous crois capables de subir le malheur, sans vous désorganiser ni vous troubler.
Veux-tu rappeler à Guillaume sa promesse pour octobre ? Je resterai probablement ici jusqu’au 15 ou au 20 ; s’il me donne un bout d’après-midi, je lui montrerai un paysage bien fin et bien gracieux.
Je suis allé à la Revue de l’Instruction. Ton Jefferson y était. J’ai parcouru la liste des rédacteurs ; d’après mon avis, on priera M. Dreyss de faire l’article : c’est un homme réfléchi et instruit.
Il y aura peut-être des tiraillemens pour mes articles à la Revue des Deux Mondes. M. de Mars a ouvert des yeux grands comme des coquilles de noix, quand je lui ai dit que ma demande était une condition sine qua non. Il en référera au grand souverain, qui maintenant ne revient à Paris que la veille du numéro, et trône dans sa terre de Savoie.
Mon respect à ces dames et à M. Guizot ; une bonne poignée de main à toi et à tes frères.
- ↑ Écrit en revenant d’un séjour au Val-Richer, chez M. Guizot.