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la Parisienne ne file pas toujours de la laine, comme dans l’estampe du tableau de Chardin, et les mères n’accrocheraient peut-être plus dans la chambre de leurs filles les estampes de Schall, de Baudoin, de Queverdo, comme le raconte Buisson dans ses Entretiens du Palais-Royal ; mais quel fonds précieux, inestimable, quelle source abondante de documens pour tous les amateurs d’art, que ce superbe et rare album qui, mieux que les Chroniques et Mémoires du temps, nous rend la physionomie d’une époque et l’image de ses mœurs en évoquant avec les Parisiennes d’aujourd’hui celles qui les ont précédées et dont le règne est de tous les temps ! C’est ce qu’a très bien vu M. Jean Robiquet.

Entre tous les livres d’étrennes, la superbe édition de : Une Vie d’artiste[1] ne peut manquer d’être distinguée. Avec une verve intarissable, une habileté incomparable, jointes à beaucoup d’hujnour et de sentiment, Dumas y a mis en scène l’un des plus brillans interprètes de son théâtre et raconté la vie si mouvementée de Mélingue. Pour une fois, Alexandre Dumas n’a guère eu besoin de beaucoup inventer, ni de recourir à son imagination. Mais il n’a pas été moins bien inspiré, original et fécond, en suivant le récit du héros de ses drames, de Buridan, qu’il interprète à son tour en revivant, en quelque sorte, sa vie dans ses plus émouvantes péripéties. A cet attrait particulier s’ajoute celui de voir cette véridique histoire du célèbre artiste dramatique, qui fut, à ses heures, peintre et sculpteur, illustrée par le propre fils de l’auteur, qui s’est piqué d’honneur, a mis tout son talent et tout son cœur au service de cette luxueuse édition. Il a voulu fixer par l’image les plus piquans épisodes de la vie de son père, dans une suite de compositions à l’aquarelle et à la sépia, qui sont autant de charmans petits tableaux familiers, admirablement reproduits par l’héliogravure de Wittmann, et qui, rendues en couleurs, rehaussent encore le prix de ce livre spirituel et honnête, imprimé avec le soin et le goût parfaits qui distinguent la typographie de M. Philippe Renouard.

Chaque génération semble trouver un attrait nouveau au charme des récits de La Fontaine. A la tête des œuvres d’imagination qui sont de tous les temps, qui restent associées à nos souvenirs d’enfance, qui seront toujours jeunes comme le génie qui a présidé à leur naissance, on placera toujours les Fables[2] de La Fontaine, dont la morale est un peu tout ce qu’on veut, tout ce qu’on voudra, et est faite pour ne gêner

  1. Calmann-Lévy.
  2. Henri Laurens.