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V

Au cours de la séance du 3 prairial an II, la Société Populaire et Républicaine décidait de modifier son titre. Elle devenait simplement Société Républicaine. Elle ne change pas tout de suite son esprit, et on voit que le premier acte du président est pour interpeller les membres de la Société afin de savoir s’il n’y aurait aucun reproche à faire à quelqu’un d’entre eux.

Plus que jamais David règne en souverain incontesté sur l’art. C’est, quoi qu’on en ait dit, une véritable dictature qu’il exerce, mais une dictature dont on aurait tort de se plaindre : dans le débordement des passions, elle imposa une sorte de discipline salutaire. La Société Républicaine est tout entière avec David, dont elle suit les moindres indications. Le 29 messidor, elle prend connaissance du rapport de David sur la fête en l’honneur de Viala et de Dara, cette fête fameuse qui devait provoquer la tourmente thermidorienne. Il faut retenir cette date du 29 messidor : à partir de ce jour, il ne sera plus jamais question de David dans les procès-verbaux de la Société Républicaine ; dix jours plus tard, en effet, c’est le 9 thermidor, qui amène la chute de David, accusé d’avoir crié trop haut qu’il boirait la ciguë avec son ami Robespierre. David se défendra et il ne boira pas la ciguë, puisque, aussi bien, il jettera Robespierre par-dessus bord, non sans quelque apparence de lâcheté. Mais son rôle actif est fini pour quelques années, et il ne faudra pas moins que Brumaire et la proclamation de l’Empire pour redonner à David la première place au premier rang.

Débarrassée de son tyran, la Société Républicaine, qui discute sur les arts en général, s’assagit de plus en plus : la réaction thermidorienne produit son effet. Elle réclame des pensions pour les veuves des artistes, elle félicite Grégoire et la Convention, elle vote adresses sur adresses, décide de recevoir les femmes artistes, reprend sa discussion sur le costume français, déclare que l’allégorie est utile à l’éducation artistique du peuple, etc., et enfin demande à Sergent, qui est là, si David n’y est plus, de défendre les intérêts des artistes au Comité d’Instruction publique.

La Société Républicaine, persona grata auprès des pouvoirs