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donné l’énergie qui convient, il est temps que je vienne partager vos travaux ; je rentre dans votre sein avec joie, et je viens m’unir à vous pour contribuer à donner aux Arts l’impulsion convenable au plus grand intérêt de la République. »

La Commune des Arts avait donc été détruite pour son caractère académique, contre quoi s’était élevé Sergent lui-même. La Société Populaire et Républicaine des Arts, si elle voulait durer, devait, avant toutes choses, éviter l’écueil où avait sombré la Commune. Celle-ci était fermée, telle une Académie : la Société Populaire et Républicaine allait s’ouvrir à tous, jusqu’au jour où, à son tour, elle disparaîtra pour avoir accueilli trop de monde. On n’y reçoit pas seulement les professionnels des arts « qui ont pour base le dessin, » mais, sans distinction d’aucune sorte, quiconque se présente est admis à siéger dans la salle du Laocoon, de la ci-devant Académie. La Commune des Arts pouvait, à la rigueur, passer pour un corps académique. Il n’en est pas de même de la Société Populaire et Républicaine.

La première discussion sérieuse de la Société traite de l’admission des femmes : on décide de leur fermer la porte parce qu’elles sont « différentes des hommes sous tous les rapports. » La Société « ayant pour but la culture des arts et non la politique, » et la loi interdisant, par surcroît, aux femmes de s’assembler et de délibérer sur aucun objet, les admettre serait aller contre la loi.

La Société s’intéresse au calendrier républicain. Elle prend part à la fête de la Convention en l’honneur de la reprise de Toulon. Elle a la préoccupation de ne pas être isolée : elle demande à s’affilier à la Société des Jacobins, elle félicite la Convention des sages et grandes mesures qu’elle prend pour faire triompher la République.

Derrière tout cela, passe l’ombre de David. On ne parle plus de Sergent, qui fut assez volontiers l’homme de la Commune des Arts, mais David est ici le maître absolu, et toutes ces manifestations de civisme de la Société Populaire, c’est lui qui les suggère. D’ailleurs, on s’adresse constamment à David, et, lorsque Regnault, qui paraît avoir boudé un temps la Société, vient prendre séance, on lance contre lui je ne sais quelles inculpations qui tendent à l’obliger à s’humilier devant David. On exige qu’il se procure un certificat de civisme, et qu’il écrive à David, dont la réponse fera loi pour la Société Populaire et Républicaine.