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De notre exportation d’« articles de Paris, bimbeloterie, tabletterie et éventails, » pour parler le langage de la douane, 40 pour 100 se dirige vers le Royaume-Uni, qui nous paie de ce chef la jolie somme de 62 millions ; 16 pour 100 des meubles, 25 pour 100 des objets en caoutchouc et en gutta-percha, 60 pour 100 de la vannerie que nous exportons, suivent le même chemin. Chose bizarre, nous vendons à l’Angleterre pour 6 millions de francs de pipes, provenant surtout du Jura, sur 7 millions et demi qu’elle importe, et ce commerce augmente tous les ans ! Le tiers de notre exportation de bijoux, soit 11 millions de francs, 17 pour 100 de notre exportation de montres et pendules, ce qui fait 4 800 000 francs, vont encore en Angleterre, d’après les statistiques officielles. Mais ici, plus que partout ailleurs, il faut se méfier de celles-ci. Leurs chiffres devraient être fort majorés pour tenir compte des achats que font, rue de la Paix, rue Royale ou sur les boulevards, les nombreux Anglais riches de passage à Paris. Les 4 600 000 francs auxquels on évalue les instrumens scientifiques et d’optique, — 18 pour 100 de toutes nos exportations de ce genre, — sont probablement plus près de la vérité. La guerre a augmenté la demande de lunettes françaises, et ce n’est pas seulement la Grande-Bretagne, ce sont ses colonies, qui apprécient notre remarquable industrie optique : la commande des appareils lumineux du nouveau grand phare qu’on vient d’élever en rade de Bombay a été confiée à une maison de Paris. Nous vendons encore aux Anglais pour 5 millions d’instrumens de musique, ce qui est moins que l’Allemagne et les Etats-Unis, mais forme cependant 4 pour 100 de nos exportations ; enfin, près de 4 millions de tableaux et de dessins, — la moitié de ce que la France exporte, — et 2 millions et demi d’objets d’art divers.

Malgré la dissemblance des deux peuples, l’Angleterre est ainsi le pays où l’on apprécie le mieux toutes les formes de notre goût, de notre art et des industries qui s’y rattachent, depuis les plus populaires, tels les articles de Paris, jusqu’aux plus élevées et aux plus raffinées, l’orfèvrerie, le dessin, la peinture. Comme nos voisins peuvent payer, étant riches, et n’hésitent pas à le faire, pourvu qu’ils se croient bien servis, on ne saurait rêver de meilleurs cliens, non seulement pour les petites industries d’art ou de fantaisie que nous venons d’énumérer, mais encore pour nos nombreuses et grandes industries de luxe, qui trouvent chez eux un débouché toujours croissant : « Depuis