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L’un des hauts fonctionnaires du Board of Trade, sir Alfred Bateman, pouvait écrire en un rapport récent : » Bien que les importations françaises en Angleterre aient beaucoup augmenté, elles n’ont point pris la place des produits britanniques. » C’est que nous exportons peu d’articles communs de très grande consommation ; nous sommes obligés, au contraire, d’en importer d’assez fortes quantités, quoique nous ayons cru sage de maintenir sur notre territoire, à l’aide de tarifs protecteurs, certaines grandes industries produisant ces articles, comme la métallurgie et l’industrie cotonnière ; nous devons aussi importer du combustible. De nos deux grandes industries d’exportation, l’une, celle de la laine, est bien un peu concurrente de l’industrie similaire anglaise, encore qu’elle soit orientée en un sens assez différent ; l’autre, celle de la soie, est peu développée en Angleterre. Enfin nous excellons, grâce aux aptitudes de nos patrons, comme à celles de nos ouvriers, dans les industries de luxe, d’art et de fantaisie. Il convient encore de citer ici le remarquable rapport de M. Périer :

« Enclin, par une conception familiale qui d’ailleurs donne à la vie française un incomparable charme de sociabilité, à compter sur l’appui des siens et réciproquement à se considérer comme débiteur de ses enfans, le Français, quelle que soit sa profession, est fréquemment peu porté à se lancer dans des affaires hasardeuses en France et encore moins à l’étranger. Bien qu’il ait fait à cet égard de grands progrès durant ces dernières années, sous l’influence sans doute de la baisse des revenus, de la constitution d’un empire colonial qui comprend 40 millions de sujets, et enfin d’un mouvement d’idées nouvelles, il hésite, néanmoins, s’il est industriel ou commerçant, à s’organiser sur un grand pied et préfère gagner moins que de risquer beaucoup Toutefois, comme son instruction générale et professionnelle sont développées et que, le plus souvent, il est aimable et persuasif, méticuleux et soigneux, et aussi doué d’aptitudes intellectuelles éminentes : intelligence prompte, vive imagination, goût affiné, esprit inventif, grande inclination pour la recherche scientifique ; il excelle à la vente et à la fabrication des articles de luxe ; il réussit également très bien dans les branches industrielles qui réclament des aptitudes scientifiques de la part du patron, du doigté, des soins particuliers de la part de l’ouvrier. »

On sait, du reste, à l’étranger, en Angleterre notamment,