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1 850 000, et sur 9 200 000 tonnes de sucre raffiné, 1 150 000. C’est moitié moins qu’en 1901, mais encore 20 pour 100 de plus sur les sucres bruts, 60 pour 100 de plus sur les sucres raffinés, qu’en 1896. La concurrence allemande nous a infligé ces pertes : de 1898 à 1900 nos ventes avaient triplé, tandis que celles de l’Allemagne restaient stationnaires ; depuis, l’Allemagne a regagné ce que nous avons perdu, en sorte que sa part se retrouve quintuple de la nôtre, comme en 1896. Le régime des sucres, avec les primes qui en surchauffaient la production, était si artificiel qu’on ne saurait prévoir ce qui adviendra, maintenant que la convention de Bruxelles l’a rétabli sur des bases plus raisonnables. On peut dire seulement que l’Angleterre demeurera le grand débouché des sucres continentaux.

Nous ne vendons presque pas de viandes aux Anglais qui pourtant en importent beaucoup ; mais l’entrée de la viande sur pied, du bétail venu du continent, est interdite dans le Royaume-Uni : sous des prétextes sanitaires, on jette ainsi un os à ronger aux protectionnistes d’outre-Manche. En revanche, en 1902, nous leur avons vendu pour 3 250 000 francs de chevaux[1], dix fois plus qu’en 1897, avant la guerre sud-africaine, qui, sur ce point, nous aura été favorable : 82 pour 100 des importations britanniques d’étalons viennent de France, et surtout du Perche. Nous leur livrons encore des fourrages : 14 millions, dit la douane anglaise, de 6 à 8 millions, dit la douane française, dont 2 millions de paille, et nous trouvons même moyen de leur vendre pour 5 millions et demi de grains et de farines, dont une partie ne fait que passer par notre territoire, mais dont 3 millions représentent, d’après notre propre douane, des farines de blé françaises.


IV

De même que notre production agricole, notre production industrielle est complémentaire de celle de la Grande-Bretagne.

  1. C’est un peu une illusion de croire, comme on le fait quelquefois, que l’Angleterre est le pays des chevaux par excellence. Elle n’en contient, avec l’Ecosse et l’Irlande, que 2 millions, contre près de 3 millions en France, plus de 4 millions en Allemagne, 20 millions aux États-Unis, et davantage encore dans l’Empire russe. Nos achats de chevaux anglais ne dépassent guère le tiers de nos ventes, malgré les constantes importations d’étalons et de poulinières de pur sang. Il est vrai que la douane ne compte peut-être pas à sa véritable valeur tel vainqueur du Derby d’Epsom, payé près d’un million par un sportsman français.