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faire concurrence, nous fournissons encore à l’Angleterre les cinq sixièmes de tous les bois de ce genre qu’elle demande à l’étranger.

La valeur totale des produits dus aux conditions climatériques ou géologiques de la France que nous exportons en Angleterre s’élève ainsi à 230 millions de francs. Nous lui vendons encore 154 millions d’autres articles agricoles et surtout alimentaires, pour lesquels notre supériorité naturelle est moins marquée que pour les précédens. Mais l’extrême voisinage de la France et de l’Angleterre et, principalement, comme dit notre consul, les aptitudes de nos paysans et paysannes ont fait, depuis longtemps, de notre pays un grand fournisseur du marché anglais pour ces produits, dont les plus importans sont ceux de la basse-cour et de la laiterie : 200 000 quintaux de beurre, valant 56 mil- lions de francs, soit 80 pour 100 de nos exportations, 11 millions et demi de francs d’œufs, 5 millions et demi de francs de volailles. Il faut avouer pourtant qu’ici, malgré leurs grandes qualités et le soin qu’ils apportent à ces travaux, nos fermiers et nos fermières, nos paysans et nos paysannes se sont laissé dépasser et enlever une partie de leur clientèle par les producteurs d’autres pays. Si l’Angleterre est encore de beaucoup notre principale acheteuse, nous sommes loin d’être, comme jadis, ses principaux fournisseurs pour le beurre, les œufs, les volailles. En 1896, nous lui vendions pour 64 millions de beurre, sur 387 millions qu’elle achetait ; en 1902, nous ne lui en vendons plus que 56 millions sur 518. Nous lui vendions aussi, toujours en 1896, pour 28 millions d’œufs sur 105 millions, nous ne lui en vendons plus que 11 et demi sur 159 ; et, il y a vingt ans, nous étions presque seuls à l’en approvisionner. De même nos ventes de volailles ont baissé de 7 millions et demi sur 20 millions, en 1899, à 5 millions et demi sur 27 millions en 1902. La chute est inquiétante. Certes l’amélioration des moyens de transport, la découverte des procédés de conservation par le froid ou par l’application sur les œufs de certains enduits qui permettent de les garder frais plusieurs mois, tous ces progrès scientifiques nous ont enlevé l’avantage que nous assurait jadis notre proximité du marché britannique et nous ont suscité des concurrens de plus en plus éloignés : le Danemark, qui vend à l’Angleterre pour 234 millions de beurre, au lieu de 158 en 1896, et 37 millions d’œufs ; la Russie, qui lui apporte, grâce au Transsibérien,